Tu lèves les yeux; ici, dans le nouveau jardin, aucune ligne électrique ne traverse le ciel, ton regard s’échappe derrière le vol des pigeons, tu le suis à l’infini jusqu’à ce que les points noirs se fondent s’éteignent dans le bleu du ciel, un léger étourdissement t’oblige à te pencher vers la terre, tu vois des étincelles jaunes, moucherons de lumière voletant dans toutes les directions, tu te redresses un peu ébloui, tu clignes des yeux dans le soleil qui fait briller les gouttelettes d’eau suspendues dans les toiles des épeires diadèmes, tu te diriges vers le centre du jardin; un faisan caché derrière une rangée de choux de Bruxelles démarre soudain à la verticale dans un bruit de moteur d’avion qui te fait sursauter, tu poses doucement ta main sur la poitrine pour calmer ton coeur…
Lucien Suel “Mort d’un jardinier” (Editions de La Table Ronde novembre 2008)
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