dimanche 6 décembre 2020

La littérature inquiète

 


C’est croire, en romantique, que ça va tomber tout seul comme ça, la belle phrase, la belle histoire. C’est croire en somme qu’on n’a rien à dire, et que ce qu’on écrit est dicté par je ne sais quelle inspiration. Il n’y a pas d’inspiration, dis-je, et pourquoi ? Parce que la fiction est un muscle.

Comme le cœur ou un vulgaire couple biceps/triceps, ou un banal zygomatique. L’écriture est une énergie et la fiction un muscle agité par elle, c’est-à-dire un tissu mou contractile permettant le mouvement par le phénomène de contraction coordonnée de chacune de ses cellules.

Cela signifie qu’il faut la nourrir et la stimuler, mais aussi que plus tu écris et plus tu as envie d’écrire. En réalité, le problème est simple, beaucoup plus simple. Le secret de l’écriture est dans la lecture, et réciproquement. (...)

 

C’est là : ça n’a pas à être programmé, c’est déjà là. Il n’y a plus qu’à s’attabler, s’allonger ou se lever, trouver les outils idoines et s’y mettre. Rien de sorcier, de douloureux ou de technique à ce bazar. C’est écrire, comme respirer. C’est un muscle.

On devrait imaginer une critique myologique ! La fiction (l’imaginaire si l’on préfère) est le 640e muscle du corps humain, et comme tous les autres, il ne s’use, lui, que si l’on ne s’en sert pas.

 

Benoît Vincent "La littérature inquiète Lire écrire " (Editions Publie.net 2020)

 


2 commentaires:

  1. Mohamed Abdou Bennani
    L'ecricture va avec la lecture c' est impératif. MM qu' on écrit lire n'importe quoi et rester à l'ecoute des mots. Bonne chance

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