on peut encore se redresser, forcer le regard vers les lointains, enjamber les obstacles des rebords, rechercher un peu d'air sans se replier dans les creux, construire des barrages aux mots qui ont le coup de fusil facile, engrainer de semences de bleu les vagues sombres qui incisent les vies, glisser dans l'ailleurs que maintenant, penser à fleur de visage, continuer à ensemencer de nos mots les steppes du poème, repriser les miracles du printemps, entretenir la braise de tout ce qui reste à rêver, respirer l'odeur de terre après la pluie, embrasser toujours et encore l'aube d'été
J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)
jeudi 27 avril 2017
samedi 22 avril 2017
Hodie, ocre bleu
le visage du jour devant, avec la promesse du bleu, et se resserrent les yeux pour tout garder de la lumière qui découpe net les mots et dit la terre raclée, le squelette du souvenir, le silence solide des secrets ensablés, les pans d'espoir qui se dressent, les petits riens de chaque matin qui affleurent comme autant de projets épaulant le cours des heures avec juste ce qu'il faut d'aile et d'air, cela se suffit, cela étreint en ce jour où nos grands yeux d'enfant s'enivrent de l'alphabet tressé des ocres bleus
jeudi 20 avril 2017
Hodie, ocre
creuser encore ce lieu où la mémoire se fige, tenter de mettre à jour toutes les fois où, toutes les pensées qui, tous les mots que, toute cette beauté dont, tout ce figé qui s'est enfoui et s'enfonce dans le socle du temps, grains de vie qui crissent sous le silence ou tremblent encore un peu au bout des doigts qui rangent les images une à une entre les pages du grand livre avant que tout ne s'efface, ne se défasse, sous la pluie et le vent de l'oubli, le calme oubli du dedans où se dissout le souvenir
mercredi 12 avril 2017
Hodie, réalité
les yeux effritent amenuisent ou distordent je ne sais quelle réalité étalée au petit matin, fuyant face au jour qui la dévoile en un fouillis de formes et de couleurs lourdes épaisses serrées les unes contre les autres et l'on ne sait plus si c'est encore la nuit ou si l'on déambule dans un théâtre d'ombres du bout du monde une sorte de jardin de nuit où errent des silhouettes ennoyées depuis longtemps et cela remue dans ce face à face liquide comme cette danse macabre aux contours effacés sur les murs de l'église qui n'en finit pas de hanter
lundi 10 avril 2017
Plage de lumière
dans les rizières
de l'aube
le battement de
l'écriture
une aile au cœur
d’écume
à l'assaut du
jour
Cette
rubrique Détourtweets comme une deuxième vie pour des messages récoltés
çà et là... (merci au compte tweeter de Brigetoun !)
samedi 8 avril 2017
La phrase errante
Cela appelle, je ne sais pas d'où mais cela appelle,
d'une voix sourde, lointaine, masquée, c'est peut-être une rumeur qui
vient de l'océan, ramenée par les vagues sur ce rivage désert où je me
tiens en alerte, sur le qui-vive et comme habité par la houle, une
certaine façon de tanguer dans la langue et même un certain goût pour la
naufrage, j'aime à imaginer que je dois ma survie à cette chose
précaire et fragile, un morceau de bois déchiqueté, un mot brisé auquel
je m'accroche dans la tempête, m'abandonnant ainsi à la dérive du Verbe
comme il vient, balloté, emporté par la phrase sans trop savoir où elle
me mène, ce qui est sûr c'est que ça remue dans mes confins, ça s'agite,
ça fait des trous et même des bulles, l'horizon est déchiré d'éclairs,
l'on dirait que la mer s'enflamme, que le ciel tout entier tombe dans le
brasier, c'est dans ma bouche que cela brûle et j'attise le feu avec ma
langue, la charnelle, la pulpeuse, fouillant les cendres,......
Alain Roussel "La phrase errante" ( Editions Le Réalgar 2017)
jeudi 6 avril 2017
Hodie, nuit
se retourner sur ses ombres intérieures, ses rêves d'ardoise et de pierre, les gestes qu'on oublie mais qui ne s'effacent pas, on vit avec, on va de l'avant et il y a le vent la pluie et tout ce temps qui passe mais il reste encore ces traces bleues d'une nuit qui étreint et soulève tous ces visages qui se bousculent jusqu'à la clef de voûte du rêve puis dévalent en vagues sombres, en paysages de braise, en écume de riens et retournent sans crier gare aux profondeurs de la terre laissant quelques traces sur les murs au petit matin
mercredi 5 avril 2017
Hodie, aube
on s'imagine devant des orgues, d'église ou de basalte qu'importe, puisque ce qui compte c'est d'aiguiser les yeux et laisser des mots légers prendre le dessus comme si l'on marchait pieds nus dans l'herbe du jardin dans un matin d'été, la lumière s'élève droite emplie de facettes aux couleurs vives et dans la tête cela ouvre des chemins, pousse des portes, presse les idées noires, essore le passé de plomb et leste le corps de voiles d'aubes: on se retrouve à l'impératif, prêt à transpercer les montagnes qui auraient l'audace de se dresser devant soi, au commencement
mardi 4 avril 2017
Hodie, traces
rien que traces de solitudes dans l'éteule d'un jour, rien que l'on puisse expliquer sauf ce dépouillement qui frémit et surgit dans l'épaisseur d'un tourbillon, rien que regarder ce qui bouge avec les idées floconneuses qui vont avec, se sentir complice du peu qui se dit, mêlant chagrin et poésie, échardes ou caresses et voix des mémoires enfouies, laisser l'œil pâturer entre lumière et grimoire d'ombres, se perdre dans l'oubli du décompte des heures, ricocher de branche en branche, sans savoir, sans comprendre, descendre enfin dans le silence et glisser dans l'infinie douceur du bleu
lundi 3 avril 2017
Hodie, violine
j'habite un paysage ordinaire où l'infini lance des cailloux, martèle mes tympans, cisaille les veines d'un début d'oubli, laboure mon île de la désolation de claques vives, ensemence mon champ de mots malfamés, parsème de flocons de doute les frontières du visible, s'impose et dégouline dans des nuances de deuil, en rajoute une couche jusqu'à jeter la voix contre les murs, laisser l'aube s'écraser en traits pleins et déliés, la regarder s'émietter sur la vitre, alors emblavé de ses brisures j'entre dans le jour du bout des doigts, ramasse les restes de silence et fais un effort de lumière
dimanche 2 avril 2017
Hodie, bleu muscari
dans ce très peu de terre où vivent encore des voix d'avant mêlées au silence qui vient toujours après, on sent comme un frisson d'impatience fleurir sur l'envers du regard et l'envie pointe de s'abreuver à ce silence d'encre et d'ombre qui frémit entre ces grappes de clochettes au bleu cobalt intense, cela rebondit et revient frapper les pupilles en ce long jour plein de soleil et de mots d'adieu murmurés, on se demande pourquoi cette émotion enfle doucement et se love là, alors du bout des doigts déposer les mots d'un bleu muscari, pour ne pas oublier sans doute
samedi 1 avril 2017
Hodie, rouge
emporté par la houle d'une musique qui roule, s'emballe, creuse toujours le même sillon et se sentir au milieu d'une clairière, cerné par le mouvement des hauts arbres fluides sous la brise, tourner dans ce cloître naturel vivifié par la chaleur rouge des pensées qui fusent comme lave, submergent presque, et continuer sa marche sur cette terre, traçant sans le savoir un dessin à la géométrie emplie d'obliques et de cercles concentriques, parsemer de débris de mots pour un champ de fouilles futur, puis quitter ce temple sous la basse continue du saxo qui résonne encore dans le ventre
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