À l’instant où l’on croit que commence le voyage tout est déjà en mouvement, enclenché depuis un rouage interne qui n’est pas le début d’une idée mais un détail qui se tient en-deçà, s’annonce faiblement, s’introduit dans le métabolisme du corps, s’identifie avec un je-ne-sais-quoi familier, un penchant naturel. Un contact établi entre un lieu intime inconnu de soi et son pendant lointain, voilà le début du voyage. Ce qu’il transportera dans ses mouvements et ses reflux est impossible à deviner, mais des espérances et des anachronismes s’empilent déjà, des instants cruciaux sont disséminés, des ramifications croissantes ficellent ce radeau auquel s’accrocher, sans rien savoir à l’avance du trajet, pourtant partie, embarquée, espérant, n’espérant pas la rade, l’amarre, l’arrivée.
À un moment il faudra sortit d’ici, enjamber la fenêtre d’écriture ou plutôt passer par l’intérieur du récit. Non pour le quitter mais pour y entrer de cette autre façon que j’ai décidée : mettre un pied dehors et poser les yeux sur ce qui est très extérieur. Avoir en tête des tracas de directions, de distances, de chaussures, de boue, de pluie et de chiens errants. L’heure du lever, l’heure du coucher de soleil. Des préoccupations de rencontres et de conversations, d’hébergements et de rendez-vous.
Virginie Gautier " Vers les terres vagues Approche de la zone à défendre " ( éditions NOUS 2022)
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