1/ Un oiseau au petit matin. Sa psalmodie sous un ciel gris du gris des jours tristes. On voudrait croire qu'il chante pour soi. Que quelque chose à entendre se murmure là entre les branches encore humides de la nuit. Mais on ne sait pas traduire sa mélodie. On sait juste que ce matin, il y a du bien-être à l'écouter. Il aide à sortir des songes dans la douceur matinale.
2/ Quelque chose à ne pas oublier: le frémissement de l'herbe, un peu haute, caressée par le vent du nord. Avoir la sensation d'être vivant. S'obstiner à l'être, à le rester. Laisser faire tout le reste. Frissonner avec les brins d'herbe. Devenir brin d'herbe de la terre du vent. Se laisser porter. Ne rien espérer d'autre que le vent, être herbe au milieu des autres. Et laisser faire le vent.
3/ Écrire hier sur un absent, mais un absent non rencontré dans la vie. Un proche qui n'a jamais pu l'être puisque disparu avant de me connaître. L'absence comme un aiguillon de création. Un manque. Une strate blanche dans toutes celles qui nous constituent. Un peu écrue malgré tout par les images qui se sont constituées et qui ont occupé la place de l'absent. De quoi écrire avec sérénité et plaisir.
4/ Se dire qu'il est temps, qu'il ne reste plus beaucoup d'années devant soi, pour réaliser, mener à bout tous les projets d'écriture qui sommeillent, se réveillent de temps à autre, s'assoupissent à nouveau au fond d'un tiroir. En faire la liste. Elle est longue. Plus une seconde à perdre. Aller au terme de chacun d'entre eux, voilà la difficulté mais aussi une raison de vivre, un équilibre à rechercher, à trouver.
5/ Comme les morceaux épars d'un monde dont on pensait qu'il n'existait plus. Réajuster les fragments. Une certaine lumière semble frémissante. Une lumière qui se voudrait téméraire. Engouement passager face à un être nouveau qui éveille des espérances. mais que peut un homme face à la folie des hommes. Les mots de paix ne peuvent guère amadouer les maîtres du monde. Construire des ponts semble être le mot-clé pour y parvenir.
6/ Comment saisir le moment où une métamorphose, même la plus infime est en train de se produire en soi? Que dans l'après de ce moment, on n'est plus tout à fait la même personne. Comment insensiblement on devient dans son esprit quelqu'un de différent, dont sans doute personne ne prend réellement conscience, enfermé que l'on est pour les autres dans un personnage immuable. Allumer une loupiote au-dessus de sa tête...
7/ Bribes de savoir dont on poursuit l'accumulation tout au long de sa vie comme une manière de repousser les jours où plus rien ne pénétrera l'esprit. Mais il faut faire de la place aussi alors d'autres choses doivent s'effacer pour laisser entrer de nouveaux éléments, de nouvelles ressources. Apprendre encore et encore comme pour intensifier une vie très ordinaire, lui donner le relief nécessaire par la connaissance et la sensibilité.
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