Torcello participe de mon amour du dénuement, de l'écriture sèche. Si peu, dans si peu d'espace, provoque le même étonnement admiratif qu'une branche de tamaris tordue sous le vent du désert. Point n'est besoin de la luxuriance accomplie - et que j'aime - des fresques de Ravenne pour déclencher l'émotion, l'obsession qui conduit à la passion et à la perte, donc à l'écriture.
(...)
Qu’est-ce que l’imaginaire face à une telle réalité ? Sinon son
miroir, son essence même. Imaginer dans ce décor d’extrême nudité, ce
lieu de l’absence, le surgissement d’une cathédrale de briques rouges,
décolorée à souhait par les intempéries, détentrice des joyaux les plus
purs. C’est au sens le plus naturel, rêver. Je rêve, donc je suis. Et
revenir par ces chemins ombreux, sur un détail de la fresque. Toucher la
beauté. Saisir du regard, tous les autres sens éveillés, les reliefs
d’ombres et de couleurs, la robe de pierre d’un oiseau, son envol. Voilà
le mystère vers lequel je voudrais, humblement, vous conduire. Le
silence de la pierre m’habite parfois. Un jour, il sera ma parure
mortelle.
Torcello, le berceau de Venise.
1 commentaire:
100% d'accord !
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