quelqu’un ce matin dira
rien n’est prêt même l’aube
sur le fil ténu du ciel
comme une autre langue
J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)
quelqu’un ce matin dira
rien n’est prêt même l’aube
sur le fil ténu du ciel
comme une autre langue
( l’uniforme gris du ciel pèse un peu)
face à ce ciel de tension --- se réfugier dans ce qui fait être — ce qui ouvre le regard — ces mots blancs comme les cailloux ramassés en bord de mer* — comme ces grappes de lichens sur les troncs d’arbres — où circule entre les thalles — un air de rien — un canevas nébuleux — qui cherche à se dire — avec le déhanchement des doigts sur le clavier — dans une évidence — ou une forme de désarroi — les yeux vides ou blancs — ne savent plus très bien — ils sont au bord — au seuil de l’image à venir —
*Virginia Woolf
( se frayer un regard dans un dehors bien brouillé)
pensées qui ne se posent sur rien — mais ne se reposent pas pour autant — cela tourbillonne et fuse — on voudrait presque n’avoir rien en tête — juste arriver à canaliser ce flot — à ordonner ce qui surgit — à insérer un peu de silence entre — à en accueillir une seule — et la chérir — faire en sorte de l’habiter — ou de se laisser habiter par elle — soudain dehors la brume se dénoue — la lumière trace un sillon entre les arbres — mettre ses pas dedans — se saisir des instants les uns après les autres —
(recyclage d'un texte posté sur mon blog Aux marges du jardin appartenant à la rubrique Carnet)
gris réservé de l’aube
où se glissent des yeux de sable
entre les bouts effondrés de ciel
la poésie a fait le mur
la tête pleine d’aigrettes
je regarderai longtemps le brasier
comme on regarderait passer le temps
en vapeurs et flottaisons
nouer le souffle aux détails du monde
quelque chose bouge
que l’on n’avait pas vu
faire vivre ce qui se tait
quelque part au-delà de l’arc-en-ciel
une étoffe de silence
un endroit sans envers
quelque part où construire le jour
sur les sentiers de naguère
l’espoir d’un océan d’herbes
d’une écriture de lierre
et le grignotage de la lumière
la pluie délave les idées
magma tumultueux
je ne sais où les mots disparaissent
l’horizon se mérite
chaque phrase est une esquisse
un coussin de soleil où appuyer
une langue râpeuse
sur nos petites plaies
ouvrir les yeux
derrière le rideau des ombres
des peines et des sourires
soudain Proust
poème au rien qui hante
de l'épaule pousser le temps
en suivant la lumière
comme un calice
à l'aplomb d'un vide
tous les jours le même chemin
ne pas oublier de décoller
d'une main qui étincelle
creuser la veine modeste des choses
délicieux petit ressac
promener ses yeux
glissades de silence
des traces s'effacent
derrière l'enfance se referme
on va à la pêche aux couleurs
entre les tranches de soi
des feuilles balbutient le vent
instant suspendu au temps
les ombres vont qui chantent
bleu long sombre