J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

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mercredi 10 juillet 2019

Interstice moussu

Mousse amassée dans la lumière, autour l’ombre massive d’où émergent des formes éparpillées aux couleurs de pain brûlé, le corps qui se ploie à cet appel . Arrêt du regard pour répercuter toutes ces épines vertes où l’enfance s’est piquée mais tout est toujours recommencement. De la mousse à l’opercule de ciel en surplomb une ascension de frissons.
Les troncs horizontaux étalés sur le sol et happés par les mousses, longs corps chevelus où s’épaissit l’oubli de ce qui fut, des vivants morts encore un peu vivants qui tapissent la terre. Union d’où naissent des frôlements de formes, des sceaux de songes, et de longs suaires d’ombres. Tentacules fuyantes sur une houle de mousse.

Et toujours et encore sur les fûts élancés les écorces creusées par des visages flous. Un menton, un nez, le sourire d’une bouche tout se met en place, se dessine s’affiche et se détache. Tout est suspendu vers un rêve dont on ne sait que l’épaisseur du trait et la rugosité des ombres mais qui laisse un instant interdit.

Puis l'œil s’enfonce, délire dans les strates d’un tronc déchiqueté, écartèle failles et fissures comme s’il cherchait à lire entre les jeux d’ombres et de lumières un avenir ou la pulsation d’une vie qui s’échine vers ses derniers instants. Il caresse le relief de ce corps qui s’ouvre, un dedans-dehors qui bouge encore. A l’intérieur, des voix qui s’évaporent.

Et puis, comme on lève les yeux du livre, se sortir des scories et des plaies, se glisser dans ce peu de jour, un goût d’inachevé éventant les lèvres. Pénétrer cette chambre de vision, déposer dans ce tabernacle de lumière le fardeau du devenir, ce qui bouge encore en soi. Cela s’ouvre encore un peu quand le regard s’avance.

mercredi 7 novembre 2018

au seuil


au seuil d'un instant
ce qui fuit et fait signe

en s'approchant de soi

des traces des visions
qui s'effaceront au soir


samedi 17 février 2018

Hodie instant


un regard se pose , s'attarde , s'attache à ce fil d'herbe et laisse glisser les pensées au fil de l'eau , loin des rafales des jours. des bribes de mots, presque inaudibles, pourraient se poser, mais il n’est pas le temps du va-et-vient entre le dehors et le dedans . laisser crépiter la lumière dans le souffle de la coulée, respirer la douceur chaude de cet éclat saisi, garder vif l’instant où le regard s’est laissé emporté dans cette brèche. de ces sillons de lumière, plus tard, puiser de la langue ce qui se murmure entre les bandes azurées.

samedi 13 janvier 2018

Hodie, arc-en-ciel


sur la toile d'un jour sans importance, un jour qui se serait effrité entre les doigts sans un peu de désir, il y a un bref instant où le regard s'arrête et se perd dans l'étroite lumière d'un jardin suspendu. une virgule irisée qui ponctue le ciel, un fruit éphémère qui s’éprend d’un ciel, s’alanguit avant de s’éteindre sans qu’on ne le sache, un simple dessin d’enfant joyeux. rester droit dans cette accalmie immobile, dans la brièveté de l’instant qui prend toute la place dans ce jour , faire face et rêver à l’accomplissement d’une métamorphose debout contre le vent.

jeudi 19 octobre 2017

Hodie, géographie


dans la rivière une géographie du poème avec des horizontales pour apaiser, des verticales pour l'équilibre, un cran de bleu des taches de rouge abreuvant le vert de l'infini: le canevas d'un simple jour d'automne où tout semble sourire. on se cache mutin derrière le paravent de feuilles pour guetter le héron blanc qui, royal, s'envole au travers de cette lumière rousse, et s’éloigne serein . les yeux lestés d'amples ailes, aller libre au gré du pas sans crainte et sans hâte, avec le souffle profond qui irradie tout le corps, on pourrait marcher sans fin et encore plus loin.

lundi 9 octobre 2017

Hodie, halte


ils avaient l'air de sentinelles usées par les ans invitant à une halte ou une prière, ou, au moins, à un de ces longs regards qui brisent le pas sur des chemins de poussière. le temple ainsi dessiné inciterait à imaginer Jacob, la tête posée sur une pierre emplie de sa vision d'anges sur l'échelle du ciel, avec les mots de peu qui s’écrivent ensuite: la porte du ciel . alors, on reste sur ce seuil en laissant des brassées d’air passer entre les yeux et la lumière résonner dans une épaisseur de sang offrant au jour une langue inédite.

mercredi 4 octobre 2017

Hodie, source




où poursuivre les lueurs d'un matin, à la recherche d'une source, où découper un espace pour se perdre et se retrouver au travers d'un temps qui a passé, où écouter la puissance du silence des bruyères happé par l'immensité, où se désencombrer de son ombre dans cette lumière venue d’un dehors que l’on n’espérait plus, où au bout du compte  la vie en soi palpite et le cœur  bat plus vite, où le monde, l’autre, celui de la haine n’a plus place, où le jour ne pèse plus de sa douleur, où on ne sait pas vraiment quoi se diffuse

jeudi 11 avril 2013

Avignon

Je n'ai pas été danser sur le pont
j'ai trop chanté la chanson
mais j'ai marché le nez au vent

j'ai cherché la partition des ombres
les rêveries du soleil
les griffes de l'imaginaire 

sur le flanc de la pierre
s'écrivirent les failles de lumière
dans l'intimité d'un soir


samedi 6 avril 2013

déambulation

dimanche pascal à l'Isle-sur-la-Sorgue












en vrac des regards posés ici ou là
des objets qui attirent l'oeil
et des photos pour mémoire
un qu'on aurait bien aimé emporter
et tous ceux qui resteront dans l'oubli




mercredi 24 octobre 2012

marcher


C'est comme un si loin qu'on aurait trouvé là, sur les bords de l'inaperçu. On promène un miroir sur le bas-côté du chemin, on marche dans cet interstice qu'est l'égarement où la langue s'écrit. Jusqu'au point de silence recueilli, quand une sorte de lumière intérieure, un peu floue, semble enfin fleurir.

 

lundi 22 octobre 2012

puits d'azur

Un cortège de nuages étire les songes d'avenir. Sous la promesse du vent, l'œil prend racine et vrille vers le ciel, il en fait bonne mesure et pèse l'incertain. Quand plus rien d'autre du monde ne peut garder l'aplomb, puiser dans ce carré d'azur le souffle nécessaire pour grimper jusqu'en haut du chemin.

dimanche 29 juillet 2012

miroir

                                              de l'épaisseur du jour
                                  joue le miroir
                          en une simple caresse 

mardi 12 juin 2012

Entrelacs

                                                se faufiler entre 
                                            les mailles du temps
                                            et dénouer les aubes


lundi 4 juin 2012

Nénuphars


dans l'étreinte du regard 


010

                                                    
                                                   le songe blanc tremble



 

mercredi 30 mai 2012

narcisses

 008 009010 
                              sur les nappes blanches
                              s'étalent
                              des méandres 
                                                   de pensées
                             

jeudi 3 mai 2012

Murano



 l'île de Murano traversée 
de rouge blanc vert
de verre est le jardin


(il y a une photo qui est pour Guillaume...!)



mercredi 2 mai 2012

près de Padoue


Come una tela                                                                 Pareil à une toile                                      
molte volte dipinta                                                           peinte à maintes reprises
in cui tante diverse                                                          sur laquelle tant de mains
mani si susseguono,                                                       différentes se succèdent,
cosi questo paesaggio si ripete                                    ainsi ce paysage se répète
e assume le movenze                                                     et il prend les mouvements
lente del canto gregoriano.                                             lents du chant grégorien.

Valerio Magrelli " Ora serrata retinae" (Editions Cheyne 2010) Traduit par Jean-Yves Masson