Quatrain/ 177

 

quelqu’un ce matin dira

rien n’est prêt même l’aube

sur le fil ténu du ciel

comme une autre langue

Quatrain/ 176

 

gris réservé de l’aube

où se glissent des yeux de sable

entre les bouts effondrés de ciel

la poésie a fait le mur

Quatrain / 175

 

la tête pleine d’aigrettes

je regarderai longtemps le brasier

comme on regarderait passer le temps

en vapeurs et flottaisons

Quatrain / 174

 

nouer le souffle aux détails du monde

quelque chose bouge

que l’on n’avait pas vu

faire vivre ce qui se tait

Quatrain/ 173

 

quelque part au-delà de l’arc-en-ciel

une étoffe de silence

un endroit sans envers

quelque part où construire le jour

Quatrain/ 172

 

sur les sentiers de naguère

l’espoir d’un océan d’herbes

d’une écriture de lierre

et le grignotage de la lumière

Quatrain/ 171

 

la pluie délave les idées

magma tumultueux

je ne sais où les mots disparaissent

l’horizon se mérite

Quatrains/ 170

 

il pleut des riens

ouvrir la main

l'essentiel de soi

sous les ongles

Quatrain/ 169

 

chaque phrase est une esquisse

un coussin de soleil où appuyer

une langue râpeuse

sur nos petites plaies

Quatrain/ 168

 

ouvrir les yeux

derrière le rideau des ombres

des peines et des sourires

soudain Proust

Quatrain/ 167

 

ce qui s'insinue

d'une autre voix

et rafraîchit les yeux

un peu de ciel dans le sable

Quatrain/ 166

 

poème au rien qui hante

de l'épaule pousser le temps

en suivant la lumière

  comme un calice

Quatrain/ 165

 

ciel rêve pluie

topographie de bémols

 où lire tracer lier

des accidents de lumière

Quatrain/ 164

 

à l'aplomb d'un vide

tous les jours le même chemin

ne pas oublier de décoller

d'une main qui étincelle

Quatrains/ 163

 

creuser la veine modeste des choses

délicieux petit ressac

promener ses yeux

glissades de silence

Quatrain/ 162

 

des traces s'effacent

derrière l'enfance se referme

on va à la pêche aux couleurs

entre les tranches de soi

Quatrain/ 161

 

des feuilles balbutient le vent

  instant suspendu au temps

les ombres vont qui chantent

bleu long sombre

Quatrain/ 160

 

au bord des paupières la pluie

vague de gris hachée menue 

une image au bord

ne pas la laisser filer

Quatrain/ 159

 

dans la bouteille d'encre

le goût de l'espace vaste et lent

des histoires sans fin

qui brûlent en dedans

Quatrain /158

 

le cœur en contrebasse

entre somnolence et sommeil

les anges sont muets

aux temps étroits de l'ordinaire