J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

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dimanche 22 janvier 2017

pensées


le regard toujours au-delà
les bulles de souvenirs jaillissent
visage maternel et brassées de lunaires

sourire d'hiver face à l'absence
ricochets de pensées
méandres de mots

immobile
on retient
son souffle




 

dimanche 17 janvier 2016

Lumière

Une petite tache brille entre les paupières qui battent. La chambre est vide et les volets s'ouvrent dans la poussière. C'est le jour qui entre ou quelque souvenir qui fait pleurer tes yeux. Le paysage du mur - l'horizon de derrière - ta mémoire en désordre et le ciel plus près d'eux. Il y a des arbres et des nuages, des têtes qui dépassent et des mains blessées par la lumière. Et puis c'est un rideau qui tombe et qui enveloppe toutes ces formes dans la nuit.

Pierre Reverdy  "Plupart du temps" ( Gallimard)

 

lundi 18 mai 2015

extraction 19

la glycine n'en finit pas de s'enrouler autour des branches et je n'en finis pas d'errer dans les ruelles de bassano del grappa comme si une part perdue de moi allait se révéler ou tout au moins s'insinuer dans la langue qui se dit là entre gelatteria et libreria où j'achète des livres d'erri de luca et de deux poètes conseillés par le jeune libraire ravi de rencontrer quelqu'un qui s'intéresse à la poésie, emplis un sac à l'office de tourisme de tout ce qui concerne cette ville et sa région, car c'est dans cette rue proche que j'ai situé un texte où j'évoque l'enfance de ma mère, ayant élu d'autorité une maison comme étant la sienne et je m'aperçois que je l'ai imaginée en face même de celle où Napoléon a été hébergé pendant six mois entre 1796 et 1797, cherchant je ne sais quelle prophétie inscrite sur les murs, puis comme à chaque fois, je redescends par la piazza Garibaldi, découvre un cloître que je ne savais pas, lié au museo civico , puis la piazza libertà où se trouve une exposition sur charles péguy et, comme d'habitude, j'emprunte les ruelles qui conduisent au ponte degli alpini qui enjambe le fleuve brenta, me disant que mes grands-parents ont marché là , qu'ils ont acheté leur pain dans la bottega del pane où j'achète une brioche ciambellone , qu'ils ont marché sur ce pont de bois plein d'histoire, et heureusement que les songes s'enroulent en moi pour refaire un peu la mienne d' histoire dont je connais si peu, puis reviens car il faut toujours s'extirper des antres du passé, entre à la carteria tassotti marchand de beaux papiers où j'achèterais bien des kilomètres de ces feuilles imprimées aux motifs variés , enfin chez un glacier où je déguste la meilleure glace au monde, et je murmure ne me secouez pas je suis plein de larmes


extractions et remodelage de notes du 14 avril 2015

vendredi 13 juin 2014

passé-présent

 


Retenir les bruits et les couleurs du matin dans une secrète chorégraphie de mots où se détachent les tracés d'une présence,  les silhouettes des disparus emplies de bouts de soi, de gestes soudain ressuscités . Pieds nus sur les tessons du passé,  on se brûle aux étincelles de ce qui jaillit, on dévisage le parchemin d'un passé-présent à la lumière impénétrable de la page affamée du jour. Une sorte de grammaire de la mémoire se balbutie entre banc de bois et mur de pierres.

jeudi 16 janvier 2014

anniversaire 6

                    
                       balbutier des levées de lumière 
                      aux coulées de mélancolie
                      étincellement léger 
                      à la lisière du bleu
                      être là dans 
                      ce souffle
                      ce fil
nous nous
retrouvons un peu
même si rien ne le dit
mais des gestes, des paroles
 traces et souvenirs à peine effleurés
et je sais et sens ta présence lumineuse
                      

vendredi 18 janvier 2013

Carnet vénitien

                                      

C'est une ville, ces jours-ci, en brisures de lumières, toute en paillettes. Les longs traits qui la reliaient se rompent en éclats.
Bientôt sous un ciel plus froid, elles se dépouilleront, isolées, ces façades tantôt incrustées sur une masse ombragée, comme un précieux coquillage sur la pointe d'un récif; parfois plaquées comme de lourds panneaux sur de grêles étais ; parfois se prolongeant, dans leurs briques pétries de soleil et de pluies, en suites dociles à la courbe d'un canal, prêtes à s'écarter sur la fente d'une calle. Si elles donnent bien rarement ce sentiment d'espace mesuré qui se dégage de l'ostensible projet d'une architecture, elles suggèrent pourtant de façon puissante le sentiment du plein. Un plein aussi imprécis, aussi abandonné dans son développement aux lois sourdes de la vie, que le sont les formations calcaires que sécrètent certains mollusques. On peut aussi, dans certaines soirées de grosse lune où les trous noirs des fenêtres béent sur les façades aplaties, penser que, derrière, tout s'est peut-être effondré comme, au premier toucher, certains champignons blancs, tout renflés, se réduisent en poussière. Mais c'est rare: plus que n'importe où ailleurs, on sent que la ville respire _ par les voies toujours tortueuses de la respiration humaine, mais sans contrainte.

Liliana Magrini "Carnet vénitien" ( Le promeneur 2002)

jeudi 24 mai 2012

Les lendemains

Les lendemains lunaires, où l'on erre dans un halo plein de pollens que l'on implore, afin d'être pris comme passager dans leur vagabondage aérien, pour naviguer, encore et encore, entre les langues et les eaux, lestées de peintures éphémères. On tisse sous les soupirs, une étoffe de songes où se brode au fil sang le cordon qui relie à la mère. Ce qui niche dans le silence, au seuil des mots, et qui étreint comme une crue.

jeudi 16 février 2012

L'obscurité

L'obscurité latente des journées de deuil transperce d'une sorte d'hébétude. Les forces sombres pèsent sur les épaules. Plus rien ne bouge autour. Aucun refuge. Le temps et l'espace sont à traverser pourtant, sans guère de mots, le regard sur les lointains pour ne pas dériver. Le corps lui-même semble s'affaisser, alors même que c'est d'une élévation dont on ressent la nécessité. Quelque chose qui colmaterait cette obsession  de la faille et exhausserait vers la lumière. On songe à ces statues dogon aux bras levés où la tension des membres et la planéité dorsale créent cet élan vertical de l'homme, cette force vitale en un geste d'infini, empreint de sérénité. Quelque chose de l'aube.

mardi 17 janvier 2012

Absence

sans rime ni raison
un trèfle à quatre feuilles
s'est échappé des pages 
                                            le perdu se retrouve
un peu de ton sourire 
a fleuri sur mes lèvres
                                            c'est donc
que le buvard du temps
n'a pas tout absorbé
                           
                   pluie de souvenirs
                             comme perles retrouvées

lundi 5 décembre 2011

Sur le bout de la langue

Sur le bout de la langue, çà grouille,çà reste terré à l'intérieur, coincé entre deux rives, collés sur le palais des jours, mais çà ne franchit plus la barrière des lèvres. Échardes de mots qui ne s'écoulent plus dans le flux d'une langue, se consumant sans avoir donné de lumière. Mélancolie barbouillée de cendres quand la parole s'égare, s'amenuise puis s'interrompt. Des phrases de silence alors, gorgées de tendresse, avec de petits papillons dans les yeux.

vendredi 2 décembre 2011

mémoire

(Bleu ce bout de monde qui brûle dans les interstices, tremble au bord de la mémoire et crible l'alphabet d'une broderie feutrée. Il croît et décroît au gré de nos errances et tisse la main courante quand le vide se rapproche. S'il s'estompe parfois, terré sous la noirceur des jours, il réapparait toujours comme un nom sur le bout de la langue.)


terré
        dans les interstices
de la mémoire
                 l'alphabet qui brûle



lundi 17 janvier 2011

anniversaire


frémissement du jour
je fixe ta photo
la lumière s'accroit

quelques fleurs rouges
près du visage
murmurent je n'oublie pas


le rite de ta chanson
pour la langue
pour les larmes


un froissement de mots
une main tendue
je pense à toi


face à l'ombre qui flue
les souvenirs bleus
forcent le sourire


dimanche 17 janvier 2010

à fleur de mère





à fleur de mère
chercher le bord de la voix
sous le rabot
de la nuit
et recueillir le jour
au brise larmes



vendredi 7 août 2009

à Mamé



quand nos mères
épuisées
disparaissent
elles emportent
dans les plis
de leurs robes fleuries
la lente usure des jours
leurs rêves inachevés
les lichens de souvenirs
de nos mémoires défuntes


dans la tessiture
des silences
où elles nous laissent
nous murmurons
notre amour
et les laissons
partir

samedi 17 janvier 2009

Anniversaire

je me souviens
du mur à franchir
il y a juste un an

il manquait
un rien
de souffle

du poids du corps
on sonde
le silence

face à l'absence
on fore
ces riens qui restent

extraire
la stèle
de ce quelle fut

du bout des doigts
caresser
les rais de lumière

et dresser
le corps du poème
contre l'oubli





sur le seuil
des suites d'instants
je suis là

tramée de toi



Sa chanson



mardi 23 décembre 2008

Hiver


Après-midi d'hiver immobile. Un dimanche gris et blanc. Pelotonnée dans un fauteuil près de la fenêtre un livre entre les mains: ce pourrait être Julien Gracq, Pierre Bergounioux ou des poèmes d'André Du Bouchet. Un peu de musique suinte du lecteur CD: c'est Buddy Guy dont la voix heurtée murmure le songe de qui s'éloigne et puis revient sur ses pas effleurer la beauté du monde. Un peu de bleu dans le paysage.


Dehors, c'est le jardin blanc des rêves qui se lovent. De plain-pied, derrière les voilages, j'épie les branches qui frémissent sous l'arrivée des merles picorant les baies rouges de l'arbuste qui calfeutre l'entrée du jardin. J'observe sans bouger les allées et venues d'oiseaux affamés mais qui n'en surveillent pas moins tout mouvement alentour. Immobile, un peu vide, on est content pour les oiseaux. L'oeil est dehors ,sans le froid, un peu figé. Les ombres ont cessé dans cette lumière grise et fade qui pleure sur le jardin. Le crépuscule s'étalera tôt sur la pâleur des sols. On allumera la lampe.

Mon regard effleurera son visage dans le cadre posé sur l'étagère; je répondrai à son sourire en serrant le poing dans la poche: je ne m'habitue pas à son absence. Je sais que là où elle est, il fait encore plus froid ,même si elle tutoie l'éternité.


Il y a comme un flottement de rien, les oiseaux s'envolent d'un coup sec – un promeneur égaré peut-être - le lampadaire éclaire lentement le jardin d'hiver qui cache ses difformités sous l'enveloppe blanche. Soudain la sonnerie d'un téléphone retentit: on bouge les yeux, on n'est pas perdu, on revient à la vie en entendant une voix chaude murmurer son prénom.



samedi 1 novembre 2008

A eux



A ceux
que le silence
emporte

cette longue traîne
d'âmes de peu
ces presque riens de vies
dont les mémoires s'effacent
peu à peu

je pense à eux
ces taiseux
et j'entre dans cette
mélancolie de novembre
où des mots usés
comme le ciel
s'adressent
à ceux
que je porte

en creux
le lichen de leur vie
s'accroche
à ma peau

(Les trois premiers vers du texte sont empruntés à un poème de Lionel Bourg)

mercredi 8 octobre 2008

identité



ombres
qui vacillent
dans ma mémoire

je les croise
sur des chemins de traverse
sans identité

je tourne
autour d'un vide
insonore

je foule
les alentours
d'une vie

je dis
ce qui tremble
encore