Aujourd'hui, je suis entrée dans cet instant incertain où mon
regard se pose sur l'envers de la ville. Je me laisse voguer sur ses
rimes intérieures adoptant la nonchalance d'une gondole en humant ce
qui flotte légèrement dans l'air. Se tenir dans ce passage comme
sur le traghetto entre deux rives, debout et droit en un
équilibre parfait, et voir au-delà des apparences. Le regard
brouillé, se plonger dans les reflets rouges et ocres qui irriguent
Venise, et tenter d'y déchiffrer les promesses du jour qui s'éveille
. S'arrêter et regarder le feuillage au-dessus d'un mur révélant
en tendresse la présence d'un jardin, d'une enclave de paix où la
ville pleine de bruits s'estompe. Caresser d'une main amie les plaies
de crépi qui suintent sur les murs, s'infiltrer dans les calli,
se laisser se perdre et puis se perdre encore, lire les noms des
ruelles et les réciter en un chapelet païen , se laisser envoûter
par la langue qui s'éclate dans la bouche comme une grenade bien
mûre, s'attarder dans une corte et là adossée
à un puits laisser monter des pensées incontrôlables, ne
rien faire d'autre qu'espérer ce dialogue avec l'ange assis sur la
margelle.
Extrait d'un texte écrit dans le cadre de l'atelier d'écriture "à la brise de". L'intégralité du texte , la consigne et les textes d'autres membres de l'atelier se trouvent ici.
1 commentaire:
"Se laisser perdre et puis se perdre encore"...j'aime bien même si c'est exigeant! C'est comme un lent processus d'oubli _et_ de mémoire
Enregistrer un commentaire