vivre, sensible à la lumière au temps indifférente aux regards, évoluer, accueillir les transformations que l’on nomme vieillissement, savoir que l’on est chimie, affronter, supporter les limites physiques, être en son essence, quelque chose de terrible en moi, tout au fond, sous tout ce qui a prétendu en receler du terrible, là, bien caché, dur comme un diamant, ces chairs et organes où ils ont trouvé des choses que l’on disait terribles, et assise devant des yeux bleus j’acquiesçais, oui puisque terrible c’était il fallait qu’avec leur aide je m’en débarrasse, et trois bouts de moi sont partis, ne devrait plus rien avoir de terrible en moi mais voilà, il y a cette petite chose terrible, enfouie cachée, intacte, inaltérable, dure, entêtée, oubliable mais qui se réveille chaque fois qu’elle se sent contestée et qui alors ne dit rien mais doucement reprend le commandement général : la vie, la vie, la vie, son amour inavoué, petit noyau de force inattaquable et si sure d’elle qu’elle arrive à rendre joyeux les combats…
vivre, être sorcière pour capturer ce que je sens qui me frappe me plaît en avançant dans mes journées, et le garder distillé, transformé en huiles, en essences, en parfums mis en de petits flacons pour ma délectation avec un sentiment de culpabilité mais vague, léger, sans virulence, entre jubilation et douleur, avoir des sursauts des colères des joies brusques mais ne pas bouger, ne pas brusquer ce paquet que la vie vous a confié, attendre, avec une plénitude un peu bovine, un regard presque opposé sur le monde, un point de vue résolument d’en bas, recroquevillée en nid de pierre le sentiment d’être au coeur de la terre, se pencher pour prendre une brindille, la coincer entre ses dents, sourire, siffloter si l’on peut et plisser un peu les yeux dans la poussière, aimer ce qui est là, la réalité devant vous, et découvrir, en levant de temps en temps les yeux pour rêver devant la vue, des textes qui ne seraient pas encore écrits…
le temps a passé
au creux au bout de l’ennui
ma part d’ombre est en chemin
je vieillis
extrait d'un Cut-up d'Anh Mat pris dans "Dixit Paumée" publié chez Publie.net
extrait d'un Cut-up d'Anh Mat pris dans "Dixit Paumée" publié chez Publie.net
( Certains des visiteurs de PAUMÉE[brigetoun.blogspot.com] prennent ses mots à cœur, à tel point qu’ils les ont pris au sens propre, comme on s’empare d’une matière fertile.
Ainsi, dans ce qui suivra, vous ne lirez QUE les mots de BRIGITTE CÉLÉRIER, mais réagencés différemment, façon CUT-CUP.
D’une certaine manière on pourra donc dire que DIXIT PAUMÉE est écrit par BRIGITTE CÉLÉRIER sans BRIGITTE CÉLÉRIER )
4 commentaires:
Merci pour cette belle lecture. Je dėcouvre votre blog en même temps.
Bien à vous et au plaisir de partager par ici
P.S : juste petite rectification , c'est Anh (le "n" avant le "h" ;-) )
Suis désolée : viens de rectifier!
reviens déguster, quelle belle lecture !
merci
Une lecture brûlante qui me rappelle que le chemin, s'il s'allonge, ne le fait pas dans la gratuité. C'est superbement écrit et partagé dans le ressenti.
Amitiés.
Roger
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