Au départ du poème, il y a toujours un événement, un choc qui ébranle le cœur, le corps, la mémoire, la langue. J'écris en contre: vivre est premier. Un poème comme un contrecoup de langue à partir d'un coup de vivre.
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Aller au plus simple. Pas de stuc, pas de dorures. Bien sûr que cela donne des poèmes de peu, mais que m'importe si j'entends sonner en eux du vrai, et pas du toc?
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Je n'arrive plus à me démêler. Faux. Je n'arrive plus à écrire les noeuds, c'est différent.
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Dans mon travail, je vois d'abord l'humain, l'expérience: le poème est un vecteur, un porteur, un medium...Mais si j'ai choisi le sherpa poétique plutôt qu'un autre, c'est parce que je crois qu'il est seul capable de porter une telle charge. Je n'idéalise pas la poésie; elle reste le genre littéraire, si cette notion signifie encore, capable de s'aventurer le plus loin possible dans l'expression de vivre.
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On a tort de ne retenir que les mots; le blanc de la page importe et contient bien davantage. Disons tout le reste, tout ce qui n'a pas été écrit. La poésie me semble le seul genre littéraire à faire jeu égal entre parole et silence. Avec un bon usage des marges et des blancs, il n'y a pas d'indicible. Par contre, l'emploi du silence doit être aussi rigoureusement mesuré que celui de la parole.
Antoine Emaz " Planche" ( Editions Rehauts mars 2016)
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