Elle cherchait seulement un lieu plus ou moins propice pour vivre, je veux dire : un petit endroit où chanter et pouvoir pleurer tranquille parfois. En vérité elle ne voulait pas une maison ; Ombre voulait un jardin.
– Je suis seulement venue voir le jardin — dit-elle.
Mais chaque fois qu’elle visitait un jardin elle vérifiait que ce n’était pas celui qu’elle cherchait, celui qu’elle voulait. C’était comme parler ou écrire. Après avoir parlé ou écrit elle devait toujours expliquer :
– Non, ce n’est pas cela que je voulais dire.
Et le pire c’est que le silence aussi la trahissait.
– C’est parce que le silence n’existe pas — dit-elle.
Le jardin, les voix, l’écriture, le silence.
– Je ne fais que chercher et ne pas trouver. À cela je perds les nuits.
Elle sentit qu’elle était coupable d’une chose grave.
– Je crois aux nuits — dit-elle.
À quoi elle ne sut se répondre : elle sentit qu’ils lui clouaient une fleur bleue dans la pensée afin qu’elle ne suive pas le cours de son discours jusqu’au fond.
– C’est parce que le fond n’existe pas — dit-elle.
La fleur bleue s’ouvrit dans son esprit. Elle vit des mots comme des petites pierres disséminées dans l’espace noir de la nuit. Ensuite passa un cygne à roulettes avec un grand noeud rouge autour du cou interrogatif. Une petite enfant qui lui ressemblait montait le cygne.
– Cette petite enfant c’était moi — dit Ombre.
– Je suis seulement venue voir le jardin — dit-elle.
Mais chaque fois qu’elle visitait un jardin elle vérifiait que ce n’était pas celui qu’elle cherchait, celui qu’elle voulait. C’était comme parler ou écrire. Après avoir parlé ou écrit elle devait toujours expliquer :
– Non, ce n’est pas cela que je voulais dire.
Et le pire c’est que le silence aussi la trahissait.
– C’est parce que le silence n’existe pas — dit-elle.
Le jardin, les voix, l’écriture, le silence.
– Je ne fais que chercher et ne pas trouver. À cela je perds les nuits.
Elle sentit qu’elle était coupable d’une chose grave.
– Je crois aux nuits — dit-elle.
À quoi elle ne sut se répondre : elle sentit qu’ils lui clouaient une fleur bleue dans la pensée afin qu’elle ne suive pas le cours de son discours jusqu’au fond.
– C’est parce que le fond n’existe pas — dit-elle.
La fleur bleue s’ouvrit dans son esprit. Elle vit des mots comme des petites pierres disséminées dans l’espace noir de la nuit. Ensuite passa un cygne à roulettes avec un grand noeud rouge autour du cou interrogatif. Une petite enfant qui lui ressemblait montait le cygne.
– Cette petite enfant c’était moi — dit Ombre.
Ombre est déconcertée. Elle se dit qu’en vérité, elle travaille trop depuis qu’est morte Ombre. Tout est prétexte à être un prétexte, pensa Ombre assombrie.
Alejandra Pizarnik " Textes d'Ombre"
traduction Etienne Dobenesque ( Ypsilon.éditeur)
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