Personne ne m'attend plus dans la maison natale. Il y a belle lurette qu'elle est close. Quand je passe devant ses murs, je revois les visages de mon père et de ma mère; mon coeur se serre un peu, comme le bruit d'une serrure qui s'éteint derrière la porte. A la sortie du village, j'entre enfin dans la nuit, et je discerne à peine la route sous mon pas. Quelques peupliers tremblent dans un virage. Le ciel allume ses lampes. Soudain, mon cœur se souvient de tout. Il est une mémoire nomade qui m’alerte à tout instant. Le cœur si étrange ne nous oublie jamais. Son écho est souvent plus doux que celui d’un murmure. Je colle ma joue à la porte et j’entends les voix d’autrefois, si lointaines dans le temps, qu’il me faudrait une autre vie pour les rejoindre. J’ai marché pour atteindre ce qui ne s’atteint pas.
Joël Vernet " L'oubli est une tache dans le ciel" ( Fata Morgana 2020)
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