J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 7 mai 2020

comme le bord d'une blessure

Inlassablement, et quel qu’il soit, dès qu’il entre dans le champ de vision, l’arbre offre au regard qui le dévisage une rêverie obscure et tendre, où le grain de sa peau trame et tisse l’entrelacs d’étincelles nécessaires qui nous force à voir une présence singulière dans ce clair-obscur de l’intime.

L’écorce, son travail de lumière, sa force et sa tendresse, ce ruisseau de conscience qui bruit ou qui se tait: l’effleurer d’une main malhabile comme on boit à une source.

Sous l’écorce la langue, que l’on nomme liber, là où se tracent en creux les flammes humides de nos voix.

Le titre est emprunté à un vers d'Antoine Emaz extrait de "Peau"
on vient buter sur quoi
dedans
comme le bord d'une blessure
une croûte une lèvre 

1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Texte sublime.
J'ignorais la signification de ce "Liber", "là où se tracent en creux les flammes humides de nos voix"
Une merveille dans la douceur de l'air de ce matin.