J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

dimanche 6 septembre 2020

Impossible


Je vais en montagne parce que c'est là-haut qu'est arrivé le bord de la terre. Sa frontière avec le ciel et l'univers se trouve là-haut, et alors en grimpant je peux aller jusqu'au point où il n'y a plus rien à escalader. Je suis la terre jusqu'à l'endroit où elle s'est élevée et continue encore à s'élever. Car les montagnes grandissent.
J'y vais par admiration pour les forces qui dépensent leur énergie démesurée là-haut. Cette année j'ai traversé des avalanches qui ont effacé des routes, des forêts abattues par le vent, des versants tombés au fond de la vallée. Et, au milieu de ces effondrements, la vie animale existe et se reproduit.

Erri De Luca "Impossible" traduit par Danièle Valin ( Gallimard 2020)

1 commentaire:

estourelle a dit…

C'est aussi ce que me fait l'océan dans le sens la rencontre entre le ciel et l'eau et la courbure de la terre l'impression de toucher l'infini sans les hauteurs et sauf que sur l'océan l'horizon et le ciel reculent on ne peut le toucher!