Un poète agit peu sur la réalité: on l'aurait remarqué. Par contre, le temps d'un livre ou davantage, il arrive qu'il modifie la saisie que l'on a de cette réalité. En ce sens, on ne peut dire qu'il soit inactif ou d'un poids strictement nul. On proposera donc de voir le poète comme un travailleur social placé logiquement au plus bas de l'échelle des salaires; s'il n'a pas de chef, il faut reconnaître aussi qu'il n'a personne sous ses ordres.
En fin de compte provisoire, considérer le poète comme un chiffonnier de langue, dans la rue ou les livres. Il y a bien tout un travail de ramassage, de tri, de recyclage... Un petit métier certes, mais tout un art. Peu de gens seraient capables avec trois vieux costumes d'en faire un neuf à peu près correct. Sans machine à coudre, entièrement à la main!
Antoine Émaz "Lichen, lichen" ( Éditions Rehauts)
2 commentaires:
Très beau texte, juste, et plein d'humour qui me rappelle un travail avec Lionel B sur les "petits métiers
Belle mémoire l’ange ! Ce texte est extraordinaire. Michelangelo
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