1/ Extorquer du temps au temps. Parvenir à cumuler les intérieurs qui s'enchaînent au cours du jour. Tracer sa route au sein du méli-mélo de problèmes ou d'angoisses. Tout s'emmêle: les voix des uns ou des autres, les pensées qui restent sur le bord du chemin, le travail à faire qui ne se fera pas, tous les possibles prévus qui patientent face aux imprévus. Nécessité de refermer tous les tiroirs ouverts.
2/ Dans l'allant de la vie, garder un œil sur ce qui se trame ailleurs, mais juste un coin de l'œil pour ne pas se laisser émousser par les ciseaux blessant qui tranchent ici ou là. Suivre de loin le mouvement des ombres qui s'agitent et s'enflent de leur propre vocable. Dans ce fatras de mots s'interroger sur ce qu'on fait là et s'il ne serait pas mieux de se retirer
3/ Comme un instrument en métal que l'on heurte par mégarde, puis sur lequel on prend plaisir à marteler des suites de sons, ainsi résonne ce qui s'écrit. Tu lis, tu entends, tu écris. Sonnailles de troupeaux de mots en baguenaude. Les sons se rapprochent, enflent, puis s'éloignent. Un ou deux mots sont laissés à nos pieds, dont il faut prendre soin et les entraîner avec nous dans une autre aventure.
4/ Sans vie intérieure, la vie n'est rien. C'est à dire sans cet arrêt que l'on s'octroie pour prendre le temps du rien, s'extirper du vertige où l'on se tient à marcher aux lisières de soi comme sur la bordure d'un trottoir (pensées vers Virginia Woolf). Ce temps avec ce pas de côté, pas chassé face au trop-plein de pensées, regard décalé sur un quotidien dont on n'a plus la main.
5/ Béatitude du travail accompli, après avoir lutté contre les aléas de l'informatique. Avoir su se dépanner seule et réussi à rattraper le retard occasionné. Petit plaisir qui ne durera pas, car d'autres taches suivent et qu'un travail semble ne jamais finir. Mais prendre le temps de se féliciter des progrès accomplis, car personne d'autre ne le fera, n'est-ce pas? Et se calfeutrer souriante dans un fauteuil avec un bon livre.
6/ Jour de janvier tel un jour de printemps. Sans doute la Loire sous le ruban de nuages blancs qui sinue au loin. Le regard se pose un instant sur cette douceur puis remonte sur les collines, le ciel zébré d'un trait de fumée blanche aussi. Un après-midi où accueillir ce qui s'offre, où ne rien prévoir d'autre que de laisser ses yeux se nourrir des ailleurs, s'enivrer de petites joies.
7/ L'étang assez vaste auquel je rends visite de temps à autre semble aujourd'hui recouvert de gélatine. C'est noir, lisse et légèrement repoussant, c'est du moins ce que j'en perçois. Près du bord opposé quelques canards barbotent sans se soucier des sensations qui m'envahissent. C'est de l'eau, c'est leur univers et ils ne se posent pas de questions existentielles auxquelles on n'a jamais de réponses. Être un canard pourrait finalement s'avérer reposant.
1 commentaire:
Oui il y a un ruban de nuages le matin sur la Loire et c'est beau!
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