1/ La dimension sacrée que l'on octroie à certains lieux ou certains instants capturés dans les mailles du temps s'impose comme une nécessité. Il y est question d'intensité de vie, de vision décalée d'un réel, d'une reliance à la beauté ou à une prise de conscience d'un soi démultiplié. Le sentiment d'être partie prenante d'un soi plus grand que soi, d'avoir effleuré du doigt une réalité intime que l'on souhaiterait prolonger.
2/ Rechercher le peut-être dans l'écriture. Quand cela tremble autour de soi. Se dire que peut-être en se mettant devant le clavier de l'ordinateur, ou avec un crayon et un carnet, quelque part dans un coin, on pourrait aller un peu plus loin, passer par-dessus les obstacles, enjamber les murets d'incertitude ou bien jeter sur ses épaules un pull de cachemire pour se protéger des frimas dont la vie nous recouvre.
3/ C'est dans l'intensité de l'instant qu'il faut venir et venir encore tremper sa plume, s'imbiber de l'encre de vie qui coule entre les secondes d'un regard qui se pose, sans savoir pourquoi sur un objet, un paysage, un visage. Vois ces trois petites boîtes de thé posées l'une sur l'autre sur l'étagère, et le regard de l'enfant s'arrête, puis elle murmure on dirait une montagne. La poésie se dresse alors.
4/ Qu'est-ce qui en soi, celui de l'intime, grandit encore lorsque l'on atteint les rives d'une vie qui doucement décline? Et comment nourrir ce regard de l'enfant en soi, qui pose sur les entours une volonté et une avidité de tous les instants afin d'apprendre, de comprendre comment ce monde vit ? Lire les poètes qui, des mots oubliés sur le papier, disent ce sentiment à la fois d'infime et d'infini.
5/ Serais-ce une maladie, une sorte d'addiction que de se plonger, avec avidité, dans un livre recommandé de vive voix, ou par une lecture qui vante les mérites d'un texte lu et, par conséquent m'apparaissant comme absolument indispensable à trouver, et dans les minutes qui suivent...La nécessité de s'immiscer dans une nouvelle mélodie de mots, un nouveau monde de murmures, d'errer dans des paysages inconnus et dont on attend une révélation.
6/ Indices ou intuitions, on ne sait jamais ce qu'il en est vraiment. Mais il y a des moments dans nos vies où de petites voix intérieures, que l'on n'a pas convoquées, mais qui viennent s'immiscer dans nos pensées, se révèlent fort pertinentes ou curieusement en accord avec ce qui va se vivre dans les instants qui suivent. On parle de coïncidences pour ne pas se poser de questions trop indiscrètes.
7/ Des ombres tombent soudainement sur les épaules, rendant le souffle court, les pensées sombres et tout semble vain et sans intérêt. L'allant des jours d'avant semble évanoui, caché dans quelque recoin où l'on n'a plus l'accès. On cherche un scintillement, un saisissement au bout du regard, ne serait-ce qu'un éclair pour lutter. Trouver le livre à fissurer l'apparence du temps qui se fait lourd, et redonner un peu de lumière.
3 commentaires:
Apprendre à ponctuer les jours de moments sacrés en instituant des rituels même courts ( s'émerveiller derrière sa fenêtre de la lumière du matin, d'un coucher de soleil, sourire pour rien, juste pour sourire et voir en face la naissance du sourire dans le visage de l'autre, s'incliner discrètement devant cette assiette si riche de couleurs et de saveurs, remercier pour tout ce qui m'a été donné ce jour, savoir attendre la saison des fraises ou des cerises pour ne les déguster qu'à ce moment là ...)
Resacraliser des lieux, chez soi, dans le monde, des arbres, des saisons, des fêtes, retrouver la célébration ...
Tant et tant sont à notre portée, sans frais, simplement, simplement par l'attention portée.
Tes textes sont de plus en plus beaux, il y a bien sûr la maîtrise de l'écriture mais pas seulement : j'y lis aussi l'approfondissement de cette vie intime qui vient avec l'âge qui n'est donc pas à déplorer. Certes l'univers extérieur se rétrécit et se rétrécira chaque an d'avantage, chaque chose vue ou vécue cependant l'est avec plus d'acuité.
Les ombres succèdent aux jours lumineux, cela a toujours été ainsi, une sinusoïde qu'on n'avait pas su voir, trop entravé dans l'action, le faire. Juste se laisser porter par cet aujourd'hui tel qu'il se présente et ne pas regarder dans le rétroviseur.
Ange tu me ravis...
une terre qui aurait besoin d'eau
des moments qui risquent de s'assécher
une quête de source loin en soi
dans des couches profondes
où trouver l'humide
Enregistrer un commentaire