1/ Être dans le faire pour repousser le temps du dire. Peut-être ainsi, les rênes trop serrés se relâchent un peu. Une manière de se dételer du temps et de ses injonctions, de celles qui vous immobilisent entre ses chaînes. Préférer ne pas. Ne pas penser, ne pas choisir, ne pas prendre une décision, ne pas s'engager, ne plus s'appartenir...Se concentrer sur une tâche qui réclame une concentration vive: faire briller.
2/ Entre différentes visions de ce qui s'offre au regard, prendre le temps. Le temps de comprendre l'agencement de ce tout. Rechercher l'équilibre de ce qui est donné à voir, c'est à dire la cohérence des choses entre elles, des couleurs, des formes, des volumes, le plein et le vide qui les définissent. Les mouvements, les croissances des plantes et ce qui s'agrandit alors insensiblement dans le regard qui fait face.
3/ En filigrane de ce qui s'écrit, une vie se déroule où l'omniprésence des livres, des forêts, du lichen, de la bruyère, d'horizons, de pierres, ne passe pas inaperçue. Il faut rajouter à cela le silence, la solitude, la marche et les souvenirs qui soutiennent l'édifice. Comment concevoir de vivre autrement... La rêverie — celle des merveilleux nuages — relie tous ces espaces et permet d'arpenter chaque journée nouvelle sans trop de difficultés.
4/ Juste au bord de soi, entre le dehors et le dedans, dans cette zone à ne plus savoir qui on est, et même si on est. Ne pas détourner les yeux et regarder le ciel pleurer, la vie est ainsi faite. Attendre le retour du soleil ou d'une lumière plus claire, faire acte de patience, même si on ne comprend pas grand-chose à ce qui se tisse insidieusement en soi.
5/ Ne s'attendre à rien du jour qui vient, se tenir dans le halo des possibles, refuser de regarder ce qui ne l'est pas. Guetter la floraison des iris qui s'étirent sans fin vers la lumière, vers leur vie, si simplifiée qu'elle soit. Leur peau sombre se devine dans l'écrin où ils végètent encore, dans l'attente de ce qu'ils ont à être. Puis le présent s'engouffrera en eux comme une fine lame.
6/ L'enfance accrochée quelque part sur soi, crispée par une virgule au revers d'une manche, faisant tinter le bracelet du doute, celui qui n'en finit pas d'enserrer les gestes ou de retenir toute parole dont on ne sait pas comment elle sera entendue. Ses filets se sont bien refermés sur la silhouette d'adulte qui bientôt ne se distinguera plus, se faufilant sans être vue dans les méandres d'ombres des vies côtoyées.
7/ Quand au petit matin la nécessité se fait main de maître pour casser le rythme des jours qui s'enchaînent, alors il faut partir. Prendre la route et rouler avec des paysages qui défilent et lavent les idées noires qui se calfeutrent toujours dans quelque coin de la tête. L'immensité du dehors gorgée de lumière gagne et diffuse ses bienfaits sans modération, et les branches des arbres balayent ce qui pèse.
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