de mon étrange relation avec Virginia
Pour aborder la seconde phase du travail autour de Virginia Woolf, j’ai proposé trois débuts de textes qui seraient utiles pour que chacun puisse écrire sa propre nouvelle. Mrs Dalloway dans Bond street qui date de 1923 et semble une nouvelle préparatoire au livre Mrs Dalloway dont je donnerai aussi les premiers paragraphes et l’incipit du texte Courir les rues de 1927. Le projet est d’écrire une nouvelle, à la manière de Virginia, en quatre ou cinq séances. Les trois débuts de textes proposés introduisent un personnage qui va traverser Londres sous le prétexte de chercher à acheter quelque chose : des fleurs, un crayon, des gants. À chacun de choisir le lieu, la ville de son choix, de créer son personnage, le nommer, et de définir la quête qu’il peut avoir. Pour corser un peu ce début d’écriture, je demande de calquer son début de nouvelle sur une de Virginia, avec trois paragraphes de longueurs différentes, le premier composé d’une seule phrase, le deuxième de deux ou trois phrases et le troisième beaucoup plus long. Chacun étant le narrateur omniscient. Voilà pour la forme qui s’installe. Et avoir toujours en tête, les notions travaillées dans les séances précédentes, à savoir : le flux de pensées, la notion de temps qui passe, le jaillissement récurrent de souvenirs pour signifier des moments d’être, la météo, les pensées qui se télescopent…
Auparavant je leur avais lu un extrait de la préface de Londres, de Mario Fortunato, publié chez Rivages :
On commence par le bas : par la perspective du trottoir. Hiver. Entre quatre et six heures de l’après-midi, quand il fait déjà sombre : « Le soir nous offre cette irresponsabilité qui vient avec les ténèbres et la lumière électrique. » C’est à ce moment-là, selon Virginia Woolf, qu’il vaut mieux aller se promener dans Londres. C’est à ce moment-là que nous pouvons le mieux nous délivrer de la gangue rigide ( et probablement agaçante) de notre moi, pour nous ouvrir à la rue, c’est à dire aux autres, et pour devenir ce que nous sommes véritablement d’après elle: « un œil énorme » […] la réalité n’est plus un tableau extérieur, une image fixe, qui se trouve devant celui qui écrit et qui donc peut être racontée avec détachement, mais un flux continu dans l’espace et le temps, qui frappe et bouleverse l’œil individuel. De cette manière, le récit d’une expérience simple, quotidienne, telle que peut l’être une promenade entre le thé et le dîner, devient une expérience primaire d’ouverture au monde, une fusion spéculaire dans la foule anonyme dont on est une partie et en même temps une reconnaissance dans l’histoire de ce soi collectif que nous appelons une ville : en d’autres termes, une plongée dans son moi avant le moi.
à suivre
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