1/ Mon boisseau de silence c'est maintenant, il faut en profiter. C'est là, face à soi et en soi, bien réel. Tout est endormi autour, même les oiseaux semblent somnoler. Se tenir dans l'anse de ce silence, en faire des provisions pour les heures à venir. C'est comme une page entortillée autour de soi. On peut faire semblant de penser, se perdre dans ses souvenirs ou faire revivre ses propres fantômes.
2/ Une cathédrale de feuillage sous la lumière d'un après-midi d'octobre. Cela signifie quelque chose du temps qui est passé et qui passe encore. Cela le magnifie, lui donne un éclat dont on ne voit que rarement l'ampleur et la beauté. L'éphémère en majesté. Un poème sous un baldaquin qui se laisse aller, s'abandonne, faisant fi des ténèbres à venir. Sur le sol, une flaque d'eau frissonne, se couvre de rides.
3/ La sensation d'abandonner de plus en plus d'envies, de pensées, d'amis sur les bandes d'andain qui longent mon chemin. Sans doute, les amas des uns et des autres s'accumulent au fil du temps qui fuit: c'est une nécessité, on ne peut tout porter...Il faut faire des choix, se délester de ce qui pèse trop, ce qui entrave le pas. En ce maintenant de la vie, que garder encore avec soi?
4/ Au travers des mailles du matin, ne conserver auprès de soi que les projets qui naissent, les rencontres à venir, les promenades qui interpellent, et refouler au loin les pensées du passé qui reviennent, avec une certaine constance, troubler l'onde de chaque jour. La lumière qui baigne la maison signe qu'il est nécessaire de se tourner vers elle, et de se laisser envahir, puis apaiser avant la prochaine houle d'obscurité.
5/ Chaque matin recommencer. Chaque soir se refermer. Entre les deux tenter d'étirer le regard entre les mondes. En se cognant aux angles acérés de ce qui se trame et explose un peu partout. Se recentrer entre ses propres murs, son espace noir ou blanc, la paume des mains à toucher le silence des parois, et même si rien à dire, et froid en-dedans, tenir bon, sourire au rayon de soleil.
6/ Trouver l'équilibre entre la friche et un jardin agréable à regarder, sans parler de le contempler. Se tourner vers bruyères et bambous qui ont toujours pu apaiser le regard, surplombé par le petit sapin bleu et le cyprès nain. Espace aussi restreint qu'il peut l'être mais où déjà se sont emmagasinées les pensées d'avant lorsqu'il fallait bien se raccrocher à quelque chose pour poursuivre le chemin et se tenir debout.
7/ Un jour à ne rien voir à plus de dix mètres. Un jour où bruyères et bambous semblent pleins de cette tristesse de novembre contre laquelle on ne peut pas lutter. Un jour où les fleurs dans les vases s'épuisent à donner un peu de douceur, mais elles restent sans vie, les pétales recroquevillés, baignant dans une eau qui devient glauque, se bordurent de noirceur. Elles restent inertes comme moi.
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