L’enfant scrute mon visage.
Moi, il y a longtemps que je ne le vois plus. J’ai souvent erré dans les rais
de l’inaperçu. Les lunettes ôtées, tout est possible.
C’est pas toi elle dit. L’enfant veut les lunettes bien ancrées sur mon nez.
À la croisée des rides, des taches et des absences, il y a des ébauches d’un
soi. Des apparitions à donner à voir.
La main de l’enfant glisse et s’attarde dans les cheveux blancs.
Ignorance et savoir de la vieillesse qui rampe et cerne la tête.
Sa main pointe les veines saillantes
Mais le sang tape aux tempes, sais-tu. De l’aube au crépuscule. Et même
pendant les nuits. De l’heure de l’origine à l’heure de l’extinction. Mais
dire simplement tout va bien.
Son doigt sur les sillons du temps qui a passé.
Je préfère le reflet des flaques à celui des miroirs pour la drôlerie des
rides.
Ses deux mains cachent son visage, elle pense qu’elle n’est plus visible,
et les rires jaillissant après.
Mes deux mains imitent le geste de l’enfant, mon visage se dérobe et les
mêmes rires après. Nous sommes synonymes.
Puis le silence dans ses yeux, ses pensées dont je ne saurai rien. Chacune
garde sa langue. Et le sourire aussi.
À dépasser nos forces et les failles de l’esprit.
( Texte écrit lors d'un atelier du mardi avec François Bon en novembre 2023)
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