Ricochets/ 51

 

1/ Portée par des voix qui vont et viennent. Je suis aux aguets du temps qui éclot à chaque instant, à tenter de percevoir les sons qui s'élèvent d'un au-delà de la pensée. Elles sont là les voix prêtes à jaillir et à me faire naître à nouveau, à révéler ce qui en moi n'est pas encore apparu. Ce qui n'est pas encore venu, l'imprévu, je l'attends. Tout semble si fragile.

2/ Où vont les mélodies que l'on écoute comme on mangerait un chocolat avec délice et attention ? Elles se distillent au profond de soi, avec des notes qui voltigent s'entrecroisant entre les silences. Ce n'est pas le domaine de la pensée mais bien celui d'une réalité autre dont on n'a pas la clé. On est dans un halo du monde, avec ses ombres émouvantes qui s'animent. Un halo où s'éterniser.

3/ Ces instants avec une petite fille dont les liens de famille nous unissent sont d'une telle intensité qu'ils font parfois monter les larmes aux yeux. Les rires, la joie qu'elle seule sait transmettre, la complicité qui se tisse au fil des rencontres, la tendresse échangée, les petits mots qui se disent redonnent foi en ce qui fait l'humain. Être grand-mère est le plus beau cadeau qu'il m'est donné de vivre.

4/ Mais tout est incertain. Même les éclairs d'œil. On ne dit pas ce qui se passe mais on peut à peine rendre compte des sensations produites et ressenties. Les sensations intérieures sont secrètes et ne se servent pas de mots ordinaires. Elles laissent entrapercevoir un ruisseau d'invisible qui parcourt les corps. Comme si un monde était en train de naître, comme entre un texte original et une traduction toujours mouvante.

7/ Regarder tout ce qui se passe autour de soi de côté, en biais. Toujours se trouver en train d'analyser, de chercher à voir si tout va bien, ou bien tenter de ressentir l'état d'esprit des uns et des autres, si tout au fond d'eux-mêmes ils sont vraiment heureux.Et vouloir tout résoudre, tout embellir, même ce que je ne peux savoir, d'un coup de baguette magique mais sans baguette magique.