de mon étrange relation avec Virginia
Et si j’en arrivais enfin là où je souhaitais être dès le début de ces Divagations. Une trajectoire un peu détournée, il faut bien l’avouer, alors que je m’étais assise devant mon ordinateur (vers la fin du mois d’août, je crois et nous sommes déjà fin janvier ) pour parler de ce livre époustouflant Les Vagues dont on ne ressort pas indemne, que j’ai achevé il y a quelques mois maintenant, après une lecture qui s’est prolongée, je viens de le réaliser, sur vingt années et non dix comme je l’avais imaginé.
Mes recherches disent que j’ai acheté ce livre en mai 2003, dans la traduction de Marguerite Yourcenar et dans la collection Biblio du livre de poche. Sur la couverture, la reproduction d’une peinture de René-François Prinet Au bord de la Manche, qui se trouve au Musée de la Chartreuse à Douai. C’est une huile sur toile peinte vers 1920. Le livre de Virginia lui a été publié en 1931. J’avoue ma méconnaissance de ce peintre français dont je recherche sur internet quelques renseignements. Je retrouve le tableau qui apparaît en miroir de celui de la couverture du livre : un groupe de sept personnes sur un balcon ou une terrasse avec la mer en arrière-plan, certains assis sur des fauteuils et des chaises, deux femmes debout l’une face à nous, l’autre admirant le paysage. L’élégance des personnages, disposés sur la toile avec soin, nous donne à imaginer un milieu aisé; on se sent chez Proust à Cabourg… Certes ne sont pas les personnages des Vagues, mais ils ont sept, comme ceux évoqués dans le récit, l’époque est similaire, la mer est un personnage du tableau et l’on rêve en les regardant aux pensées qui les traversent et aux discussions qu’ils peuvent partager.
La couverture du livre folio classique, dans la traduction de Michel Cusin, que j’ai acquis plus tard en 2019, est ornée aux trois-quarts d’une reproduction de Alphonse Osbert La vague à Diélette de 1890 du Musée d’Orsay. Je ne connais pas davantage ce peintre. J’effectue des recherches similaires : le tableau a été recadré sur la couverture pour ne laisser appréhender que des vagues régulières et en occultant sur la droite une houle plus haute; cette huile sur toile est dite appartenir à la période moderne appartenant au style symbolisme. À plusieurs reprises, il a peint des tableaux de ce village au bord de la Manche où il a vécu. L’illustration « colle » au titre sans avoir la nécessité de réfléchir.
Quant au troisième ouvrage, dans la traduction de Cécile Wajsbrot, acquis en octobre 2020, aux éditions Le bruit du temps, je l’aurais dit sans « image », alors qu’il y a bien un détail d’une gravure sur bois d’Aristide Maillol La Vague réalisée dans les années 1895-1898. Mes recherches me conduisent vers une œuvre beaucoup plus importante que ne laisse absolument pas deviner la miniature reproduite sur la couverture, où se détache à peine perceptible un poignet et une main aux doigts écartés s’appuyant sur un fond strié de traits en tous sens. Sur l’œuvre entière, la main est partie prenante d’un corps de femme nue, endormie ou alanguie. Le détail sur la couverture brune est inscrit dans l’angle gauche supérieur et entouré d’un quart de cercle noir. La quatrième de couverture cite un extrait des Vagues : Regardez la boucle du chiffre commence à se remplir de temps: elle contient le monde. Je commence à tracer un chiffre, le monde est dans la boucle et moi, je suis dehors ; je le referme — là — et le scelle, il est complet. Le monde est complet et je suis en dehors, je crie, » Oh, sauvez-moi, je ne veux pas être chassée de la boucle du temps. »
On ne regarde jamais assez
les couvertures de livres.
Pour être exhaustive sur les différentes traductions qui m’ont accompagnée lors de ma traversée des Vagues, il me faut évoquer le travail, d’une richesse incroyable, élaboré au long de nombreuses années (plus de dix ans) par Christine Jeanney sur son site Tentatives où elle a partagé ses traductions avec ses questions, ses doutes, les commentaires des uns ou des autres qui suivaient cette aventure. Son aventure, que j’ai suivie dès le départ, a conforté la mienne. Alors s’il n’y a pas de couverture réelle (mais j’espère vivement que tout son travail de traduction et de commentaires sera repris dans un livre publié), il y a pour chaque nouvelle avancée mise en ligne ( 191 quand même !), une petite vignette ronde représentant la mer, et il me semble qu’elles sont différentes à chaque fois! Je reparlerai de ce travail colossal que Christine a mené car il a été fondamental pour moi.
La couverture du livre de poche que je possède en langue originale est de l’artiste finlandaise Aino-Maija Metsolae, qui a illustré par le biais d’aquarelles chatoyantes toute une série de livres de Virginia Woolf. Des taches de couleurs vives qui se poursuivent à l’intérieur du rabat pour laisser éclater des rayures entre différentes tonalités de bleus et des blancs. Le titre est écrit en petit et majuscules en bas à droite et le nom de Virginia Woolf en écriture cursive. Sur la quatrième de couverture, une simple phrase positionnée au centre de la page avec des guillemets : I am made and remade continually.
Ce sont donc toutes mes sources vers lesquelles ma main s’est immergée au cours de ces dernières années. Et j’ai bien conscience d’avoir encore pris un chemin de traverse, erré dans les linéaments de tableaux et m’être encore perdue dans des rêveries nouvelles…
à suivre...
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