Écrire,
c’est l’inassouvi à quoi nous redonnons place.
Nous ne serons jamais rassasiés d’écriture.
L’écriture n’est pas là pour ça. Elle ne comble pas. Elle
cerne l’inassouvi. Elle le désigne sans plainte ni peur.
Écrire c’est savoir qu’on est un être fini, limité, et porteur pourtant de quelque chose d’immense.
C’est accepter de s’installer dans ce hiatus et y trouver son
propre souffle.
Cela met en branle tout l’être.
Perception, imaginaire, réflexion.
La grande boucle
qui mène à la pensée incarnée, vivante.
Ce que je ne
cesse d’expérimenter depuis que j’ai pu entrer dans l’alphabet.
Et la joie que je ressens quand
j’atteins quelque chose de juste vient par surcroît. [...]
C’est l’inassouvi à quoi nous redonnons place.
Et si j’ai installé cette pratique dans ma vie comme pièce maîtresse depuis très longtemps, j’ai aussi consacré du temps à réfléchir à sa transmission, convaincue que quelqu’un qui prend le temps d’écrire se donne quelque chose d’inaliénable. Un espace à l’intérieur de soi qui s’élargit avec le temps et la pratique.
La chambre à soi, elle est là.
Et qu’on soit en prison ou entouré des siens, qu’on soit sans emploi dans les jours difficiles ou bien à l’aise et heureux de son travail, l’écriture peut être ce lieu silencieux et fidèle.
Un lieu où l’on se reconnaît vivant parmi les vivants.
Jeanne Benameur "Vers l'écriture" ( Actes Sud 2025)
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