1/ Dans quel angle du jour se tenir ? Se laisser fendre par quel air ? Quelle brèche laisser se creuser en soi ? À la verticale de ce qui se déroule devant, ouvrir grand les yeux, face à l’air qui enveloppe . Toujours un peu en retard. Avancer sur soi-même en restant sur le seuil, y mesurer sa vie. Tête levée, avec le ciel par flaques, voir ce qui corrode.
2/ Les mots s’entraînent sur les pages des livres. Parfois c’est une course de vitesse, parfois un marathon. La langue glisse, force, prend du muscle, se régénère, s’intensifie, se diversifie. Tout est porté par la langue. Tout est emporté et brassé par celui qui lit. Des lambeaux clairs, éclatent, se déchirent en surface et restent en mémoire. Par les lèvres ils renaissent plus loin, autres. Déplacés ils vivent encore plus loin.
3/ Le comme qui tente de dire. Qui tente de relier pour se faire comprendre. Et qui aussi déplace la pensée, conduit les images mentales vers un autre univers. Comme calme pour la main qui veut écrire. Comme en un évasement de soi. Comme de l’air entre . Comme du blanc sur la page le temps de la comparaison. Comme un voyage. Comme grimper à un autre étage. C’est comme si…
4/ Des charnières à huiler . En permanence. Entre les uns et les autres. Entre les mots qui se prononcent. Ne pas faire grincer la relation. Laisser l’espace nécessaire. Adoucir les propos. Laisser passer de l’air. Des langues d’air chaud ou frais selon le moment. Prendre appui sur les nuages et se laisser porter par le vent. Ne chercher rien d’autre que des portes ouvertes. Patienter pour un pas de plus.
5/ Soudain entre amis se mettre à parler de l’esperluette, comme un sujet sérieux. Se souvenir, parmi la forêt de livres qui sommeillent dans mon bureau, le livre où j’ai lu quelque chose d’intéressant à ce sujet. Il fait juste six cents pages. C’est le cours de Pise d’Emmanuel Hocquard. Après quelques recherches, trouver ce que l’on voulait avec satisfaction. Et penser, tout bêtement, que les livres sont des trésors inestimables.
6/ Regarder ne fait pas trace à l’abord du dehors. Le coup d’œil appuyé n’enfonce pas les traits, ne fait pas dériver les courbes et les méandres de ce qui est observé. Ce qui illumine, illumine encore après le regard qui s’est posé dessus. Le cillement dans le dedans, personne ne le voit. Tout reste immobile. On voudrait partager ce que le regard a capturé de l’informe et abandonné en dedans.
7/ Nous ne sommes qu’un interstice de vie où se glissent des pensées qui nous sont données dans l’enfance. Et toutes les pensées ne se valent pas. À nous de les faire fructifier, de les rendre plus riches que celles qui nous ont nourris. Aller toujours un peu plus loin, un peu plus haut. Se faire liseron, jusqu’à voluter ce qui nous entoure. Réfléchir toujours plus dans le respect de soi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire