J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 8 juillet 2025

Ricochets/ Année 2/ Semaine 27

 


1/ Les lendemains de rencontres sont encore nourris des échanges de la veille. On se remémore les paroles échangées, quelques phrases importantes remontent à la surface de l’esprit. On se dit que l’on a bien fait de participer, d’être là bien présent et que certes on a beaucoup donné de temps et de l’énergie, mais que l’on a aussi beaucoup reçu. Sortir de sa tanière de temps à autre est bon.

2/ À l’improviste, des instants de sérénité adviennent. Même brefs dans le déroulement des jours, ils laissent une sorte de marque sur la peau, permettent aux lèvres de murmurer que ces moments-là ont existé, et que, sans doute il est difficile de les partager avec les autres, ceux qui ne les ont pas vécus. Ce serait comme un petit trésor personnel qui donne l’énergie pour être, malgré tout ce qui cerne.

3/ Entre les volets clos. Même ici en altitude, chacun se terre. Il y a des tâches à faire à l’intérieur, mais pas envie de bouger. On regarde les toiles d’araignées qui ont à nouveau envahi les lieux. On fait du repérage pour ...plus tard. On se cogne aux angles durs des meubles et des pensées. On n’a même plus d’ombre à poursuivre. Il semble que les murs se soient resserrés.

4/ Avide de ces chatouillements de souffles d’air. Vécus comme de petits miracles, ou infimes bonheurs. Ils donnent un sentiment intense de se sentir vivant. Trop souvent se sentir funambule au-dessus des abîmes. Et ces souffles d’air comme des assertions que tout continue même si le pas a ralenti. Laisser s’élever des pensées apaisées comme le chant des grillons dans les prairies d’été, dans cette fluidité de la rêverie enfin libérée.

5/ On a beau remonter le fil du temps, comme on marche le long d’un ruisseau pour dénicher sa source, dérouler à l’envers les moments vécus et les conversations, on ne récolte que quelques images, des signes extérieurs de ce qui s’est passé. On ne possède pas toutes les clés de lecture, ni on ne sait pas toujours quelles serrures il faudrait ouvrir, pour tenter d’extraire l’élixir de ce qui fut.

6/ Comme en suspens entre les pensées, les messages reçus et ceux que l’on espère et qui finissent par nous rejoindre enfin alors que l’on n’y croyait plus, à chercher à dénicher la juste attitude, les mots à prononcer et prendre le temps de se poser. S’immerger comme toujours dans les livres est une solution, encore faut-il trouver celui où se laisser dériver un temps suffisamment long pour ne plus savoir.

7/ Faire écriture. Sous les intervalles d’un ciel. Et les mots inconnus. Et les doigts qui tapotent le clavier dans la quête d’un dire. Celui ou celle qui écrit n’a plus de visage. Seul le geste importe. Derrière, la paroi des mémoires. Devant la mer intérieure à dérouler, à laisser les vagues rouler. Allées et venues continues. Blessure et baume. Rigueur et indulgence. Lumière et ombre portée. Brèches ouvertes à colmater.

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