1/ Apparition, disparition. Les images mentales vont et viennent comme les nuages dans le ciel, ne se préoccupant guère de voiler la lumière ou au contraire d’aveugler d’une présence trop intense. Ce flux issu de pôles de temps si différents se diffuse dans des connexions et embrouillaminis de fils, puis se perd dans une quête de l’extrême qui ne peut s’atteindre. Une forme de condensation se dépose aux parois de l’esprit.
2/ Le son continu dans l’oreille, comme une langue étrangère qui chercherait à énoncer quelque chose. Traduire ce qui est dit ne se peut. Cela crée une fatigue mentale car qui a besoin qu’on lui parle en permanence… Les sons s’emboîtent les uns dans les autres et créent un tapis sonore. Envie de draps de silence. Selon l’étymologie grecque, l'acouphène correspondrait au fait d'entendre un son qui s'apparenterait à une apparition.
3/ Rien dans l’écriture, comme dans d’autres domaines, n’est de l’ordre du prévisible. Au bouillonnement de projets peut surgir en miroir une inertie totale, un repli dans le port du rien. Désert à traverser dans l’attente d’une main tendue. Cela s’enfonce sous le pas. On voudrait écrire encore des choses que l’on ignore. Rien ne coule que le temps. Il passe, comme nous passons, sous un ciel parcouru de nuages gris.
4/ Le chemin hasardeux où s’imprègnent nos pas. Le regard chercherait bien quelques traces, mais en vain. D’un dehors dont on ne sait rien s’élèvent des rumeurs que l’on n’a pas envie d’entendre. Les jours se déplient et se replient, rien n’arrête leur mouvement, et tout avance vers sa fin. Et tu restes là sur le bas-côté ne sachant plus ni quand, ni où, ni comment tu as perdu le nord.
5/ On attend que les arbres prennent l’ombre à bras des feuillages et la couchent sur la terre. La campagne ne dit rien. Seuls les oiseaux. Et un chat qui marche sur les tuiles posées sur le mur. On le sait ; on est là pour çà : ce grand silence où laisser rouler les rêveries . Même si la raison bat la chamade, et ne tient plus guère le gouvernail.
6/ Sur ce chemin tant de fois arpenté, que chercher à nouveau ? Repousser l’horizon toujours en encore plus loin, ou simplement mettre un pas devant l’autre, se dire les possibles du jour, prendre source dans le paysage, prendre force. Les noms et les visages de ceux qui vivaient là sont encore en esprit, et le temps de cette promenade ils vivent un peu plus longtemps, à l’angle d’un ciel d’été.
7/ Ils sont encore tous là dans l’au-delà des murs à murmurer des paroles étouffées, ointes de rires et de larmes. Et les souvenirs qui s’éteignent peu à peu. Après moi qui saura entendre, qui reprendra le fil qui relie à ce passé ? Tout autour les étoiles s’éteignent les unes après les autres, dans la plus grande indifférence. Et le monde continue de tourner, chacun n’éclairant que devant sa porte.
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