J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 2 septembre 2025

Ricochets/ Année 2/ Semaine 35

 


1/ La question de poursuivre cette écriture là, celle des ricochets, se pose de temps à autre. Habitude ou certitude, qu’en est-il ? Travail de la langue ou un simple épanchement ? On rêverait d’étincelles plus intenses capables de faire partir un feu. Poursuivre malgré tout ce protocole d’écriture : soixante-dix mots chaque matin en écho à quelques lignes lues ou entendues, quelques mots de l’entre-deux qui cherchent à se dire.

2/ Vouloir rattraper le parcours des rêves, en conserver quelques images, mettre des mots dessus et tenter d’en déchiffrer l’arrière-pays. Écrire ce qui émerge de ces songes au réveil. Il semble que plus on y prête attention, plus les souvenirs du matin s’enrichissent. C’est une sorte de travail à faire. Peut-être qu’à force de les noter on pénétrera plus loin dans cette zone de soi, et que ce sera une évidence.

3/ Se situer face à l’excès lorsque l’on décide de poser des mots sur ce qui advient, d’écrire ce qui semblerai avoir été. Distendre le minuscule, le trois fois rien, l’instant que nul ne voit et l’exhausser vers une marche plus haute, qui menacerait l’équilibre, et nous ferait être dans le suspens d’une pensée. Des images alors, des métaphores pour dire ce surplus de vie ainsi donné, l’élan face au jour.

4/ Ne pas abandonner l’écriture de cette forme de bréviaire. Prendre le temps de ce bref passage chaque matin à poser ces échos de vie. Manière de muscler mon esprit comme je donne à mon corps, par le biais de la marche, la manne dont il a besoin pour continuer à être. Participer ainsi à ne pas déserter son centre de gravité et à le stabiliser. Le terme bréviaire soudain importe.

5/ L’agir dans l’écriture commence souvent par la marche. Cela marche aussi en tête . L’agir de l’écriture est aussi et d’abord dans la lecture. Prendre le temps d’une lecture lente. Certains textes, de par leur puissance, l’ange qui se situe dans l’arrière des mots, émettent un sol favorable à implanter une écriture que l’on ne savait pas vouloir abandonner ce jour. Le don des mots, de phrases, une poétique d’être

6/ Retenir un bout de réel. Le tenir sous ses yeux et le conserver en soi. Le laisser diffuser au travers de son être le temps nécessaire. Corps à corps du réel et de la pensée reliés par la poésie. Prendre vie des souffles mêlés. Comme lorsque retentissent encore dans quelques villages les cloches de l’Angélus. Glaner ces étincelles d’étrange qui nous sollicitent aux angles de nos vies un peu ternes.

7/ il s’agit de tirer le fil écrit Christine Jeanney dans un de ses block-notes. Il est très rare que j’ai une aiguille entre les doigts et de la couture à réaliser, ce n’est pas ma manière de me réaliser. Mais tirer le fil des mots, les extraire d’une lecture qui a percuté mon esprit, puis faire un nœud avec mes propres mots qui naissent et poursuivre le fil de l’engendrement.



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