1/ Écrire c’est parler un langage en train de se dire, sans savoir sur quelle sente il va nous conduire. On voudrait pouvoir condenser ce qui s’écrit. Être dans une phrase de la brièveté. Pour la force ainsi insufflée. Un jet de mots amassés, des mots pierres. Une onde de choc. Qui cherche à se répéter, se dupliquer, se dédoubler. Pour atteindre plus large, plus loin. Atteindre un but, quelqu’un peut-être.
2/ Rendre ou donner leur poids aux mots que l’on lit. C’est manière de les honorer et de se tenir à l’écoute de ce qu’ils peuvent vouloir nous dire. C’est particulièrement vrai si l’on cherche à traduire d’une langue à l’autre. On se tient dans l’entre-deux ; on cherche à maintenir l’équilibre entre les sens, à faire résonner la tension entre les deux langues. On se revêt de l’habit du peut-être.
3/ Sensation de passer à côté de tout se qui se trame ici ou là dans le monde. Ne plus avoir la compassion nécessaire ou les forces pour. Se détacher en quelque sorte, et ressentir cet éloignement comme si j’étais mise sur la touche du jeu qui se déroule. Comme si je m’éloignais sur la pointe des pieds, me retirais du mouvement collectif où je ne suis plus à ma place.
4/ Au passage des corps, des hérons se déploient. Leurs ailes se déplient, la tête vers le ciel. Une certaine lourdeur dans la lenteur du vol. Un deux puis trois hérons gris ou blancs disparaissent. Au milieu des feuillages ils trouvent un refuge. Ils patientent. J’ai dérangé leur vie, froissé leur silence et leur méditation de par mon passage. Je conserve ce qu’ils m’ont donné, cet instant où l’on peut s’envoler.
5/ S’immerger entre les pages d’un livre pour l’imprévu qui peut-être y restera caché si l’on n’est pas attentif. Pour y dénicher l’insolite ou l’inouï qui nous est offert. Pour les promesses d’oubli d’un réel dont on ne peut plus supporter les griffes. Pour ce pas de côté salutaire sur un sentier où l’on ne savait pas que l’on aimerait marcher. Pour respirer plus grand plus fort plus loin plus haut.
6/ Être ailleurs. En permanence. Dans le passé, dans le futur et rarement dans le présent, excepté avec mes peties-filles sans doute. Je réapprends le présent et une présence vive avec elles. Leur quête de savoir, de voir, d’avoir est immense. Leur intensité de vie me secoue et je tente d’être à la hauteur de ce qu’elles sont en train de devenir, de faire partie de leur horizon avant de m’effacer.
7/ Dans les marges de ce qui se dit, se lit, s’écrit, des bribes de beaucoup de voix, autres, qui s’infiltrent se glissent dans mes propres mots. Mais on est toujours entre le dire et le taire. Ce qui se voit et ce qui s’entend travaillent le corps de la langue qui s’écrit sans le décider. On est toujours au seuil de... lorsque l’on cherche à écrire. Sans savoir de quoi.
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