J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

lundi 22 septembre 2025

Ricochets/ Année 2/ Semaine 38

 


1/ Il y a un avant et un après la lecture d’un livre. L’écriture lue dessine un portrait de soi en mouvance. L’écriture modèle le lecteur, modifie la sculpture de qui il est. La tension entre ce que l’on vient de lire et ce que l’on cherche à être trace un nouveau soi. L’écriture du dedans de l’écrivain façonne l’autre intimité, celle du lecteur. Sans cela le livre n’est pas vivant..

2/ Le mot interstice vient se cogner à moi chaque jour. Il est là sans arrêt sur les pages que je lis, et je ne vois que lui, dans les fragments que je tente d’accumuler, dans la présence des uns et des autres...Et je le découvre neuf dans ce temps que l'Église fait observer entre la réception de deux ordres sacrés. Garder les interstices. Les interstices sont ordinairement de trois mois``

3/ L’absence de certitudes sur à peu près tout ce que je peux vivre me permet d’avancer comme sur une mer de nuages. Et donc de respirer à une certaine altitude. Je chemine, sinue, ondule, tangue au milieu de points d’interrogation, de doutes permanents, dans cet entre-deux d’existence, d’état ou de réalité. Dans des reflets mouvants. À user des peut-être comme on murmure bonjour ou à bientôt au milieu du carrefour.

4/ En retrait de toute foule. À l’écart du flux d’infos constant. Quelque part malgré tout, calfeutrée dans les interstices des pages que je lis. Et du souffle du vent. Des lisières mouvantes. La possibilité de seuils. Et la nécessité des silences. Le regard levé sur la cime d’un arbre et l’attente de l’oiseau. Celui qui veut et qui se pose un instant. Et le dialogue qui a lieu, se trame.

7/ Quand des strates de passé remontent et se marient à des alluvions de présent au sein de retrouvailles, où ceux qui ne sont plus, les absents éternels, sont malgré tout encore parmi nous. Ils traversent nos échanges, on chante leurs chansons, des souvenirs affleurent, et des fous rires fusent. Les paysages se lisent comme les parchemins de nos vies. On marche entre les lignes de ce qui nous a construits.

Aucun commentaire: