1/ Je me tiens dans mon cloître de silences. Des silences nourris de tous les livres qui repoussent les murs. Ceux que j’ai lus, aimés, et ceux qui patientent encore, dont j’ai juste effleuré d’une main gourmande la couverture, feuilleté quelques pages, lu un paragraphe ou deux... Dans chaque cloître une lumière particulière se glisse qui donne à voir ce qui se doit. Je ne suis obligée à rien : être là.
2/ Les couleurs ne viennent pas toujours de l’ailleurs, d’un dehors. Une journée d’ombres se révèle pleine d’intensités colorées. Sous les paupières cela irise.Des présences se sont installées. Sous le voile de nos yeux, certaines choses tentent de s’exprimer, de laisser libre cours au songe où les forces puisent. Et cela dialogue dans le plus grand silence. Et l’on se trouve soudain comme une branche luttant en vain contre le courant.
3/ Je lis : chaque phrase est posée sur l’échafaudage de soi *. Même si les planches qui fabriquent l’échafaudage où j’essaie de rester debout, ne sont pas de première jeunesse, l’image est là posée devant mon regard. Elle donne le désir et la pulsion de continuer. A la fois une vision vers l’arrière se crée, une vision d’un maintenant en recherche d’équilibre et une troisième vision tournée vers un futur.
4/ Je lis : je vais tout remettre à plat*. C’est aussi ce que je pense à faire dans de nombreux domaines afin de ne pas me décourager et poursuivre le travail que je suis censée poursuivre, que je m’oblige à maintenir en vie, même si je ne suis obligée en rien. Cela m’importe de mener un peu plus loin des projets qui n’intéressent que moi, mais qui me maintiennent debout.
5/ Il faut bien constater que le temps ne m’attend pas, qu’il file à son rythme et que j’ai pris du retard dans de nombreuses tâches que je veux mener à bien toutes ensemble. Il serait peut-être bon de se dire qu’il faut faire des choix et que je n’ai plus l’énergie nécessaire pour tout porter. Le problème est de savoir lequel de ces projets je devrais abandonner sur le bord...
6/ Cette impression de passer d’une forme de soi à une autre forme de soi en un temps assez bref, fait que l’on a du mal à savoir qui l’on est réellement. Comme si l’on était forcé d’endosser des parures différentes, d’en façonner de nouvelles, pour économiser chacune de ces apparences et ainsi, au travers de ses sortes de métamorphoses, à vivre avec plus d’intensité. Sensation profonde et intime de cela.
7/Je lis :écrire pour me dissoudre dans mes propres voix. Dans celles de la nuit qui prennent des chemins de traverse, et dans celles qui obstruent mes lèvres le jour. Tout ce qui se parle et dont on n’arrive pas à interpréter toutes les phrases, tout ce qui va et vient sans crier gare, passe en tête puis se dilue entre les arêtes du temps et la conscience de soi.
*Christine Jeanney (site Tentatives)
**Anh Mat (site Les jours échoués)
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