J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 16 décembre 2025

Ricochets/ Année 2/ Semaine 50

 


1/ Un nouveau projet commence à se dessiner. Il nécessite des pensées floues, des notes qui s’écrivent sur de petits bouts de papier, puis se rassemblent dans un carnet, un fichier s’ouvre sur l’ordinateur, des dossiers prennent place, on enregistre le tout consciencieusement. Cela commence à prendre de la place dans la tête, de manière un peu brouillonne, sans savoir où cela va pouvoir mener. Penser que c’est le meilleur moment.

2/ Derrière la fenêtre à l’heure du retour des freux, je fixe le déclin de la lumière et l’immobilité qui s’empare des arbres et buissons, peuple de ce qui cerne la maison et qui pourrait se nommer jardin. D’un côté de la maison tout s’endort, alors que de l’autre au loin la ribambelle de lumières rouges dans un sens et jaunes dans l’autre se déploie, attestant que la vie se poursuit.

3/ On se construit dans un amalgame de sentiments contradictoires ce qui fait que l’on a un rapport un peu complexe vis-à-vis de soi. On a beau avoir accumulé un bon nombre d’années, on tâtonne toujours à comprendre quelque chose dans cette complexité qui nous a façonnés. Sait on un jour qui l’on est vraiment, et à quel moment on parle véritablement de sa propre voix et quel est notre visage ?

4/ Entre les univers où serpenter, se situe un monde parallèle où se terrer. Les écueils sont repoussés dans les angles morts, et l’on peut errer seule comme en un lieu vierge. On s’y tient comme dans un espace d’apprentissage d’enfance où se devine ce qu’il faut faire pour être. On s’y complaît dans une forme d’attente, de suspens patient. Il faut parfois parler à voix haute pour se sentir vivant.

5/ Là où se posait le regard et encore au plus loin de celui-ci, quand enfant on explorait les alentours : les prairies en contrebas, les arbres de la forêt, les collines qui fermaient l’horizon et les lumières qui s’allumaient au crépuscule et qui guidaient les visions. Ce souvenir qui remonte, qui efface les frontières, et qui mêle le dehors et le dedans en un seul mouvement, comme un instant fondateur.

6/ Les histoires qui reviennent du temps de l’enfance, ce sont des histoires traversées de silences. Des chaises en paille alignées devant la maison, nous assis dessus attendant la venue de cette nuit d’été où les étoiles filantes se devaient de traverser ce ciel nocturne et nos esprits, emplis de songes, et prêts à se laisser guider par cette lumière et à formuler des vœux dont on ne sait plus rien.

7/ La vie de chacun d’entre nous vue comme un atlas à étudier, avec ses sommets et ses creux, ses grottes et ses plaines ouvertes au vent, toute une série de mondes dont on a oublié les pierres qui ont permis de le solidifier, peuplés de microcosmes qui ont contribué à construire qui l’on est, à façonner notre chair, en une cartographie pleine de rides dont on a à prendre soin.

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