1/ Des encore à venir, j'en ai plein
ma besace. Des projets d'écriture personnels, des idées pour des
ateliers d'écriture, des livres à lire, des lieux à découvrir, à
retraverser, des moments à passer avec mes petites-filles, des gens
à rencontrer. Et des moments de rien où tout se met en place, une
sorte de dimanche. Un vide plein d'appels: se tenir à fleur de peau,
dans cette attente du rien.
2/ Savoir qu'au plus profond de soi il
y a toujours une parole cachée, perdue, dont on ne sait plus rien,
enfouie sous le tas de feuilles mortes que sont les jours qui
passent. Peut-être restera-t-elle à jamais dans ce grand silence,
ou renaîtra-t-elle un jour de grand vent, de bouleversement dont on
ne sait encore ni le jour ni l'heure, qui la fera s'élever et planer
dans toute sa candeur.
3/ On voudrait bien aller sans détour,
droit au but. Mais les yeux ont besoin d'une pause, de fixer
quelques instants le vol d'un oiseau, un petit parterre de fleurs,
une silhouette qui marche dans la rue et s'éloigne paisiblement, ou
l'horizon tout simplement. Tout le reste du monde, on n'en peut plus;
on n'a pas l'étoffe pour cela. On restera avec ses questions sans
réponses sans se forger des illusions.
4/ Ouvrir une brèche dans le banal,
laisser les battements d'ailes se propager, se lover dans les
murmures de voix qui s'élèvent soudain . Comme sur un levain qui se
forme et enfle, la focale du regard se déplace, et l'on se laisse
glisser sur les pentes de la métamorphose. Le
présent élargit ses parois et l'on se voit, se reconnaît dans un
en train d'être que
l'on ne soupçonnait pas.
5/ Sous l'écume des pensées, comme
une vague inconnue qui balaie, va et vient sans savoir ce qui
émergera, ce que l'esprit sauvera de ce magma, de ce mélange de
matières et d'odeurs. Des métaphores se dessinent, mais on ne garde
que ce que l'on peut, parmi toutes les images qui défilent, on
laisse peut-être bien filer les plus surprenantes, incapables de
saisir ce qui se met à étinceler, embarque au-delà.
6/ Se laisser porter et ne plus fixer
des yeux la rive où pouvoir s'accrocher. Il serait temps. Le bal des
freux au-dessus des maisons enveloppe les pensées. Cela tinte,
s'entrechoque comme de la vaisselle dans les buffets lorsque s'énerve
la terre. L'espace de l'enfin élargit ses murailles, entrecroise ses
chemins, il suffit d'aller, dans la confiance de l'instant, un peu
plus avant. La vie a encore des portes à entrouvrir.
7/ Et si c'était
une manière de se dédoubler lors de l'animation d'ateliers
d'écriture. Un jeu de théâtre, un peu similaire au rôle
d'enseignant, mais face à des adultes, dont je ne sais pas forcément
grand-chose de leur vie au quotidien. Un pari, avec toujours un doute
au démarrage, de les emmener sur une terre nouvelle, dont ils
n'avaient aucune idée, à leur arrivée. Et la confiance qu'ils ont
me ravit.