Quatrain/ 84

 

un peu de soir sans plus un mot

l’hiver roule dans les roues des rues

un drap de silence sur le molleton d’un rêve

lever l’encre du premier mot

quand pulse le poème

 

à la fenêtre jusqu’à l’aube

la fenêtre d’un poème

pas de césure

comme un grand souffle

le lieu où le monde respire

 

regard sur le détail des choses

enfin tu regardes l’herbe

des chemins creux

où commencent les pensées

comme un flot de lumière

 

par ricochets

aux brisures du mur

d’où sortent les ombres

les songes s’éparpillent

sur les chemins interdits

la lumière accorde son chant

à l’encre de la langue

avant la pluie

dans la brèche de l'instant

au milieu des pierres

et la toison du lierre

un peu de passé brouillé

quelque chose de doux

Quatrain/ 35

dans ce dedans trop dedans

le tic et le tac du temps

entre la vie et la mort

en suspens

avant le premier mot

à l’abri de l’ombre

user le jour entre les lignes

voir le temps à travers

là où dorment les anges

au regard d’éternelle aurore

tenter le vent

trois secondes sous l’ombre

habiter ses creux

traverser ce présent

et cette indécise lumière

au feutre du silence

croire un instant que oui
encore un peu de bleu
et un peu d'infini
réinventeront les couleurs
pour combler l’attente
de nos pas immobiles

un peu de bleu sous les ongles

à l’aube, la rosée

aborde ta part d’ombre

aux ailes tissées de songes

troue les jours

et trébuche sur l’horizon

ce qui fait apparaître l'invisible

éloigner un texte 

c’est comme regarder par la fenêtre

à la coupe des mots

épingles d’étincelles

où demeurent les vertiges

inopiné

derrière la fenêtre

où habitent les ailleurs 

rien ne manque

les plis de la route

l'éclat de ciel

la lumière dépliée

l’indifférence de l’ombre

et des restes de vent

avec l’âme et l’émoi

rien n'est perdu

tout le bleu de la nuit

passe en fraude sa lumière

comme une petite lueur

au déluge des lumières

au rien du ciel 

 

des rêves d'éphémère

narcisses

   
                              sur les nappes blanches
                              s'étalent
                              des méandres 
                                                   de pensées
                             

naviguer

                            errer au seuil

                            des silences tissés

                            sous les soupirs

entre les eaux

                     
                     passager d'un songe
                     aux peintures éphémères
                     vagabondage lunaire

               
                                   

jusqu'au sang

                              la houle d'ailes
                                                     ondule le long
                      des talus luisants
                                  rêve rouge

entre les ailes

                                        souffle suspendu qui se fait chair

                              dans l'étoffe du jour

Palpitement

visage de l'insolite

                        on oublie les ravines d'ombre

              
                                                                    et on fouille la lumière

Césure

 


un accent de lumière
dans l'épaisseur
du trop plein