J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

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samedi 28 janvier 2023

Choses pour améliorer la vie en ville

(on pourrait souhaiter mieux que ce ciel sombre et bas)

pour chaque place de la ville — et il n’y en a pas tant que ça — créer un déambulatoire couvert — où la marche pourrait se faire protégée de la pluie ou du soleil — selon les saisons — mais surtout on pourrait marcher tourner et se recentrer — ce serait des cloîtres de pensées — au centre de la place des fleurs et de l’herbe — un bosquet d’arbres — un lieu où pouvoir laisser aller et venir l’esprit — avec la lenteur du pas — aux angles des riens qui émeuvent — sculpture vitrail poème — présence absence au monde — 


 

 

 

mercredi 4 mai 2022

Viatique/ 53

 


À regarder cette photo, je me souviens du lieu où elle fut prise, je me souviens de l’errance entre les tableaux exposés, je me souviens du plaisir ressenti. Et du silence accru par le tremblement de chants d’oiseaux. Quant aux songes qui se sont  calcifiés, ils glissent dans le jardin du minuscule.

Une exposition d'œuvres d’artistes, venus d’horizons différents, parsemées dans les allées d'un cloître. Et ce souvenir de bleus qui se parlaient. Et je tournais encore et encore, regardant et voyant ce que seule je voyais.

Saisie éperdument par ces alvéoles de bleu. Par ce dialogue entre la peinture, l’asile où ils se nichent, et le pas lent, infini qu’il suscite. Quelque chose de l’insaisissable entre les tempes.

samedi 16 mai 2015

extraction 18

sur un marché le matin à mirano, je vois et caresse des robes au toucher particulier et à la coupe d'autrefois, un peu amidonnées comme celles que portait maman quand j'étais petite, et passant les nombreux étals, je laisse ma main vagabonder comme mon esprit plus tard qui, alors que je souhaitais compter le nombre de ponts franchis dans la journée, se laisse happer par tout autre chose que des nombres en découvrant santa maria dell'orto et son clocher à bulbe recouvert de tuiles en écailles et ses nombreuses statues surplombant le parvis, mes photos de l'intérieur de l'église sont ratées – sainte agnès est floue – mais heureusement, séduite par l'exposition de angelo toppazzini installée dans le cloître adjacent où je resterai un long moment dans ces frammenti del tempo, je tenterai de recréer à mon tour par des reflets dans les photos une impression de décalage du réel, ce réel qu'il faut accepter dans la fatigue et la douleur lorsque je tente de reprendre des forces à l'église des gesuiti dont le choeur surchargé de colonnes grises vrillées entortille le peu d'esprit qu'il me reste








extractions et remodelage de notes du13 avril 2015

jeudi 14 mai 2015

extraction 17

du gris dans le gris du jour, mais rien n'est triste puisque nous arrivons à Venise, avec le passage du brouhaha au silence en un tour de pieds, d'un jardin à une place où se recueille le temps , et le soleil à nouveau installé nous débusquons un aigle calle delle pignate , caressons des yeux un pont sans parapet, nos pas se glissant sans le chercher dans ceux de l'an dernier, cherchons l'angle de vue pris par Canaletto pour réaliser son tableau de la place San Zanipolo où je me suis immergée tout cet hiver en tentant l'écriture d'un songe et je renoue avec cette sorte d'état paradisiaque qui m'enveloppe lorsque mes pas et mes yeux se délitent dans les calli, mes doigts caressant la pierre des murs qui s'effritent et la margelle des puits d'où s'échappent les soupirs, puis j'oscille entre les cloîtres de San Francesco della vigna m'imprégnant de cette douce force que rythme la marche lente s'alliant à l'abandon













extractions et remodelage de notes du 12 avril 15

samedi 10 janvier 2015

monologue

il faut que cela s'écarte, que le souffle s'insinue et efface le trop plein de mon esprit, creuse un espace, dénoue les fils entremêlés d'une pensée sans recul, réveille les bleus de l'aube oubliés, caresse les lobes de l'oreille et redonne l'équilibre à mon corps fatigué, rende le frisson à mes yeux devant tout ce qui est donné à voir et à entendre, trace cet arc de lumière entre le dehors et le dedans , me traverse et me remette debout, alors oui je sais où il me faut aller, c'est là , dans ce recoin silencieux du Castello, dans ce coin du recoin , à l'écart de tout ce qu'on croit être Venise, je vais là, je suis là, je marche, je tourne sur moi-même et à chaque pas mon pied effleure les dalles funéraires de nobles vénitiens endormis là depuis des centaines d'années mais cela ne me trouble pas, bien au contraire, car je me sens comme soulevée sur des nuées d'azur, dans une nappe de temps où tout mouvement, même le plus infime, prend de l'ampleur 




la suite de ce texte, qui s'inscrit dans une consigne d'un atelier d'écriture, sur le blog à la brise

mercredi 28 mai 2014

Le feu

Connaissez-vous le cloître de Santa Apollonia?
C'est un cloître en pierre, un cloître véritable, avec ses colonnettes et son puits.
...un petit cloître secret, ouvert sur une ordonnance de minces colonnes réunies deux à deux comme les nonnes qui se promènent au soleil pendant le jeûne, très délicates, ni blanches, ni grises, ni noires, mais de la plus mystérieuse couleur qu'ait jamais donnée à la pierre ce grand maître coloriste, le Temps; et, au milieu, un puits; et sur la margelle usée par la corde, un seau sans fond. Les nonnes ont disparu; mais je crois que les ombres des Danaïdes fréquentent cet endroit...

Gabriele D'Annunzio " Le feu"
 (Editions des Syrtes 2000 pour la traduction française par Georges Hérelle)

dimanche 18 mai 2014

San Francesco della vigna 2

On retrouve ici la cohorte de ceux qui se taisent, ceux qui cheminent de l'intérieur habités par la douceur ou la douleur des mots qui les constituent, tous ceux qui, marchant du pas lent du méditant, écrivent ce qui ne peut se dire qu'à l'encre de la chair . Embarqué sur les chemins sacrés, on écoute ces voix de l'arrière-pays, mêlées au silence qui les révèle, cherchant à déchiffrer les énigmes, maîtriser son vouloir dire et l'on ne fait que bégayer à deviner qui murmure sous les mots. Se sentir filtré de silence : être.




vendredi 16 mai 2014

San Francesco della vigna

On se dit qu'on n'est sûr de rien, que l'écheveau des certitudes n'est pas celui que l'on dénoue à grandes brassées, puis on se trouve semblable à l'enfant au matin de Noël, à contempler le rêve devenu réalité, à recueillir ce silence ponctué du souffle des cloches, à le glisser entre les pages d'un livre ou d'un carnet où s'écrit la version intime de qui tente d'être. On arpente lentement les galeries, comme on se laisse guider dans une phrase qui n'en finirait pas avec ses points d'orgue – le chant du merle, l'immobilité du lézard, la verticalité du cyprès et tous les vivants et les morts qui froissent l' esprit -, puis d'un souffle on se sait subitement  heureux. Les barrières du dedans se dérobent.




mercredi 14 mai 2014

Sant'Apollonia

Entrer en suspens dans cet interstice du temps, baigné de ces ondes où semblent flotter au sein du gouffre d'ombre des rais de lumière qui, emplis de nostalgie, réchauffent un peu l'insignifiance et l'ordinaire. Au bord du monde, se laisser emporter par cette vague qui vous dépose , loin , ébahi, sur une ligne de flottaison où puiser à la source le silence qui enracine , une sorte de phrasé qui tiendrait un peu la route. Le cloître , un laissez-passer vers soi.




vendredi 5 avril 2013

cloîtrissime

Sénanque

 
c'est sans doute le premier cloître
 en mémoire celui qui est corps avec 
le mot et qui les accueille tous là
en un enclos où accroche le souffle

 Saint-Paul De Mausole


   

Villeneuve-les-Avignon
 

 Vaison-la-romaine

 

lundi 18 mars 2013

Silvacane 4


c'est toujours pareil et pourtant toujours autre
on est déjà venu on y reviendra encore et encore
sans trop savoir pourquoi juste pour cet instant

celui où seul on marche à pas pesés et regardant
par les arches on savoure cette solitude intense
et comme devant un graal on se merveille mutique

même si ce qui se profile s'élève on caresse les
 pierres et l'on fait le tour du cloître toujours 
de gauche à droite respirant ces parfums infimes
  

jeudi 31 janvier 2013

outre










  
                      
                        je sais que c'est là
                                                     mon corps du dessous
                        outre le verre épais
                        au-delà du caché flou
                                                       
                                                     autour sont les murs
                        trouver un oeil pour
                        transpercer épiderme
                        écorces et carapaces

                        et trouver ce manque
                                                     dans les plis serrés
                        des peaux des songes
                        aux racines écrasées 

                      
                       

mardi 1 mai 2012

Sant'Apollonia

Le pont des soupirs est un sarcophage qui s'envole.
André Suares  "Voyage du Condottiere "

A deux pas de là , plus personne,  c'est le cloître Sant'Apollonia:

































Dans le cloître roman du palais du patriarche de Venise, derrière Saint-Marc, j'ai admiré la statue décapitée d'une Vierge portant Jésus [ ...] Assise, La Vierge pose la main à plat, au bout d'un bras tendu, sur la surface striée de lignes ondulées figurant l'eau contenue dans une vasque. C'est presque le geste d'une déesse païenne de l'eau.
Michel Mohrt " Les dimanches de Venise"

dimanche 8 avril 2012

Thoronet

Un billet tout spécialement dédié à Brigetoun!
voici quelques vues prises, il y a quelques jours , au Thoronet, la soeur de Silvacane et de Sénanque....





























La pluie a pénétré nos habits, le gel a durci le lourd tissu de nos coules, figé nos barbes, raidi nos membres. La boue a maculé nos mains, nos pieds et nos visages, le vent nous a recouverts de sable. Le mouvement de la marche ne balance plus les plis glacés sur nos corps décharnés. Emportés dans le crépuscule blafard d'un hiver de mistral, précédés de nos ombres démesurées, nous apparaissons tels trois saints de pierre. Nous marchons depuis des semaines. Par la vallée du Rhône nous atteignons Avignon, puis Notre-Dame de Florielle dans le diocèse de Fréjus, sur les terres de mon cousin Raymond Bérenger, comte de Barcelone. En ce cinq mars onze cent soixante et un, trentième année de mon arrivée à Citeaux, je suis chargé à nouveau de construire un monastère, j'en ai reçu l'ordre de notre abbé.
C'est aujourd'hui après quatre heures de marche que nous sommes arrivés au Thoronet, forêt sereine et grave, verte vallée, étroite et peu profonde, traversée par un ruisseau dont le cours, au lieu-dit, va vers le levant.

 début du récit de:
Fernand Pouillon "Les pierres sauvages"


samedi 7 avril 2012

Silvacane 3

Les volumes sont à la fois pleins et vides. Tantôt comme des bornes le long d'un chemin, tantôt des espaces enfermés, couverts ou à ciel ouvert. Dans le cloître, par exemple, nous avons conscience d'un volume d'air et de lumière enchâssé dans les pierres: arcades, colonnes, murs.






Ces deux sensations vivent ensemble avec leurs trois dimensions et leurs mouvements. Le moule est de pierre, le sujet dégagé sera air et lumière; ils ne peuvent se passer l'un de l'autre, et nous nous devons de les imaginer ensemble.













 Au cours de notre promenade dans le jardin nous verrons couler comme un cristal liquide cette atmosphère, nous la verrons pénétrer, remplir les galeries jusqu'au sommet des voûtes, épouser toutes les formes jusqu'au faîte des toitures et se perdre dans le ciel.











Après ils seront tout deux volumes, l'un impénétrable, l'autre fluide et transparent. Liés par la même peau, leurs mouvements seront communs.















Fernand Pouillon "Les pierres sauvages" ( Seuil)

mardi 20 mars 2012

sang

inépuisable sève
mystère et paix
le sang du ciel

mais on ne peut pas dire
le sang qui suinte
et détrempe la terre

samedi 10 mars 2012

Cloître





 






au pas de l'archet
on articule
le phrasé de la pensée

Les photos ont été prises dans le cloître de Moissac.
La  musique est l'adagio de la deuxième sonate  en ré mineur  de JB Barrière.