La source, entre conscience et songe, oscille dans l'étendue sombre, éclairée par la seule flamme du souvenir. On sait les sentiers qui jalonnent et les lisières qui effraient. On sait les impasses à délaisser et les ornières à enjamber. Sauter alors au-delà de soi, en gardant son pas sur le seul chemin où l'on puisse marcher, le chemin du doute, là où cela vacille et où l'on se sent emporté par une sorte de vertige, au seuil duquel on hésite.
J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)
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mercredi 6 juin 2012
mardi 29 mai 2012
Une crue
Une crue de pensées affouille. Cela sourd sans savoir. Cela suinte, s'étale, dégorge et inonde tout comme en un pré de printemps les ruisseaux, aux méandres et aux noms savoureux, débordent de leurs creux et veinent les pelouses tendres, couvertes d'immenses nappes blanches de narcisses tachetées de scabieuses, pensées, pulsatilles, myosotis ou renoncules. Le ruisseau transparent, inséré par sa propre pesanteur et par les pluies denses qui l'intensifient, donne la direction à suivre. Marcher le long, sur la terre grasse de sa rive, remonter le cours ce qui ce jour affleure et enfle, jusqu'à trouver la source.
jeudi 24 mai 2012
Les lendemains
Les lendemains lunaires, où l'on erre dans un halo plein de pollens que l'on implore, afin d'être pris comme passager dans leur vagabondage aérien, pour naviguer, encore et encore, entre les langues et les eaux, lestées de peintures éphémères. On tisse sous les soupirs, une étoffe de songes où se brode au fil sang le cordon qui relie à la mère. Ce qui niche dans le silence, au seuil des mots, et qui étreint comme une crue.
lundi 21 mai 2012
Le chemin
Le chemin, le long du talus aux ailes rouges, déplace la pensée sur le palier luisant du passé aux chansons douces. Rester au plus près de la terre, planter son regard sur les pétales, glisser sur le velours du temps et se laisser emporter par la houle jusqu'au sang. S'engouffrer dans la brèche d'une nostalgie sereine, s'allonger et devenir brin d'herbe ondulant dans le ruissellement de l'émotion à contempler les friches de l'étendue d'azur où se devinent les rêves des lendemains.
jeudi 17 mai 2012
Souffle
Souffle léger entre les ailes d'un trèfle à quatre feuilles, souffle du rythme fredonné dans la tête, souffle qui froisse l'étoffe du jour, souffle de la langue qui se fait chair, souffle suspendu aux lettres muettes, souffle qui sépare les pluies et déchire les friches, souffle du causse sur l'herbe et sur la peau, souffle suspendu à l'abord des lisières, souffle frissonnant dans une confusion de lèvres, souffle vacillant quand se drape la vie, souffle qui étreint dans une coulée d'étain, souffle qui féconde quand s'écrit le chemin.
lundi 14 mai 2012
Au bord
Au bord de l'éclat, on oublie les ruisseaux sombres qui ont charrié les tombereaux de larmes. On fixe l'insolite qui surgit à chaque coin de ruelle, on émiette les rayons de soleil dans les rais de l'impossible et la réalité change soudain de visage. Comme l'herbe s'affole sous le vent, les pensées s'agitent, valsent, et fouillent la lumière. Le regard emblavé de lueurs, on continue sa route, débarrassé de cette lassitude qui entrave la vie. On oublie les ravines d'ombre et on laisse palpiter les étoiles qui poussent entre les doigts. Il fait souffle.
vendredi 27 avril 2012
L'élan
L'élan, oui, mais quoi en faire pour aller où... Sans plus penser, on épouse le relief du chemin, on avance avec le poids des peaux, et les phrases que l'on ignore s'enchainent sans que l'on sache d'où elles viennent et où elles entrainent. On refait encore un peu demain mais le bleu s'estompe davantage. On voudrait bien toucher du doigt une vérité et l'on n'effleure que des ombres. Alors on entasse quelques objets dans une valise, on souhaite bon vent à la mésange, et, les yeux sur ses lointains, on va funambuler ailleurs, au bord.
mardi 24 avril 2012
Un éclair
Un éclair, c'est ce trait aveuglant du sursaut qui soulève quand - envasé dans le trop plein du temps - des mots, un regard, un livre, une photo, un tableau ouvrent une faille dans le fouillis du chemin où l'on avance sans possibilité de réfléchir. Une pensée active est ainsi suscitée par cet accent de lumière qui crée une césure au sein de la dormance. L'inflexion de la pensée s'insinue dans l'épaisseur de ce qui semble être et, même si elle porte en elle les prémices de son effacement, elle traverse les entrailles du pas et donne la vitalité de l'élan.
jeudi 19 avril 2012
La réalité
La réalité se retire lorsque, étreint par le songe, l'esprit s'exile dans des territoires où le souffle, par la porte laissée entrouverte, affole la petite flamme intérieure qui frémit encore. Le sillage qui se dessine alors sur la béance sombre est comme suspendu entre ce qui est et ce qui semble être, comme une lumière détachée sur l'immobilité d'un voile, avant que ne se dévoile l'éventail de l'évidence. En un éclair.
lundi 16 avril 2012
A l'intérieur
A l'intérieur de soi, empilés comme ces brins d'herbe séchée dans les meules de foin que l'on voyait autrefois pointer dans les prairies fanées, des clichés emplis d'ombres dans lesquels, muni de l'échelle quadrillée de la feuille de papier, on pénètre pour extraire quelque fétu afin de faire renaître une présence évanouie. D'une image à une autre, un développement du passé compressé se dilate, une écriture des ombres se met en lumière, hors du temps, et s'ouvrent portes sur portes en une forme de bégaiement, sans aucune idée de la réalité.
jeudi 12 avril 2012
Soif
Soif de pas grand chose, juste de ces petits riens qui suscitent le regard, le tiennent en apnée et lui donnent cette coulée bleue où se noie la tristesse: un croisillon de lumière, la mélancolie d'une bougie, un recoin de pénombre, une cachette d'enfant, un murmure sans visage (....) au-delà des vitres une aile d'ange sur la peau des choses, la saisie d'un contour et cela commencerait à se rassembler à l'intérieur.
lundi 9 avril 2012
L'issue
L'issue est forcément dérobée, secrète, douteuse ou fatale. Alors, au centre du labyrinthe, dans ce ressac des jours et des jours, on s'enlise et meurt à ce qui vient. On empile les songes en une échelle de secours pour s'arrimer aux cédilles d'un ciel dont on ne sait plus rien. On remue un peu, s'étale dans le bleu, patiente pour que cela émerge, ainsi que le vent le veut. Et tout ce temps perdu à tracer des signes - peut être même des mots - et tout ce temps perdu à côtoyer les oiseaux laisse , entre les yeux, une légère trace, une cicatrice de soif.
lundi 2 avril 2012
A pleines dents
A pleines dents, dévorer tous les livres amassés, empruntés, achetés, récupérés depuis des années, et lire d'encore en encore, à la recherche d'on ne sait quelle manne, quelle page, quelle ligne, quel vers que l'on va pétrir, mâcher, avaler, régurgiter en une condensation d'aube. Traverser la vie, la paume sur les mots, la cadence de la langue prenant celle du pas, ou peut-être est-ce l'inverse, et tenant le fil des mots serrés entre les doigts, chercher au sein des friches des cailloux et des failles, à tenir tout simplement debout dans ce labyrinthe dont on sait si bien l'issue.
jeudi 29 mars 2012
L'ombre
L'ombre de l'inaccompli, d'une scansion de cataracte, envahit les sens, fouille les îles intérieures, trace sa route au travers du corps, étend sa robe sur la pupille, s'insinue sous les doigts et plombe la phrase qui s'embrume d'une chape sombre. Sous le poids des paupières, on rêverait de voiles d'aube, d'éclaboussures, non de boue, mais d'éclats de bleu qui se ficheraient dans la peau, tels des couteaux lancés par quelque démiurge jovial, et qui laisseraient se répandre, sous les ponts de la langue, des rubans de guimauve que l'on croquerait à pleines dents.
lundi 26 mars 2012
Un rayon de soleil
Un rayon de soleil qui sépare deux visions, tressant, dans l'indolence d'un matin de printemps, un chemin de fuite entre les terres d'enfance et le temps qui court devant. Il y a là, dans l'éphémère de cette trace, la suspension du sablier, un arrêt sur silence, peut-être même le murmure d'un secret qui se glisse dans la tessiture de l'instant. Puis le regard s'enfriche et se perd dans l'insaisissable de l'absence qui neige doucement. Le jour est rompu sec, il faut le travail de l'ombre.
jeudi 22 mars 2012
Un peu d'éternité
Un peu d'éternité accrochée sous les ongles, et un rêve d'horizon qui soutient le regard. On vit dans ce crissement là, cette incertitude, toujours alimentée par les nuages glissant de tous côtés et les requiem qui sonnent tout autour. A force d'éplucher les ombres, les draps de terre étouffent, alors on lance quelques lanières de mots pour tenter de toucher un rayon de soleil.
lundi 19 mars 2012
Dire
Dire le ciel inépuisable quand s'essouffle la sève qui suinte de la terre. Un ailleurs de mystère où s'inscrirait l'écho de cet entre-soi que l'on ne peut nommer. On regarde, on se laisse détremper par l'azur de paix, rassurant, presque mythique, et l'on pense soudain: le ciel est sang. Chaque matin, le regard lancé comme un caillou sur la marelle du jour, se pose sur la case ciel où il s'abreuve d'un peu d'éternité.
jeudi 15 mars 2012
Des yeux
Des yeux d'inessentiel brûlés, du bord de l'œil à la pointe des pieds, ils tordent le réel, transfigurent les visions malaxées dans la marmite des migraines et les haussent au seuil d'un pli caché du monde, la poésie. Cela passe par la peau et par la chair dessous, en écho à l'intériorité ci là-bas détachée. C'est en creux et çà enfle comme le poids du jour qui entre dans la nuit. L'image compressée, dans la secousse qu'elle engendre à celui qui sait lire, s'élève en un cyprès de cimetière où plus rien n'est à dire.
lundi 12 mars 2012
Les voyelles
Les voyelles ont un poème à elles seules consacré, où les couleurs les revêtent de suaves vibrations. De cet abécédaire coloré une puissance d'arbre s'élève, suspend le temps où se frotte la langue râpeuse des consonnes. La candeur d'une neige d'aube glisse sur les golfes d'ombre imprimant en ombelle un doux frisson de paix. Traversé de rides du silence, rayonne l'étrange monde des yeux.
jeudi 8 mars 2012
A petits pas
A petits pas, c'est une parole de peau qui plisse dans le sang, une caresse d'encre lentement diluée à la lumière d'aube ou dans le parfum gris du crépuscule. Avec ce presque rien, on ravaude, on recoud les accrocs et l'on faufile les points d'interrogation aux branches basses des arbres. Les questions sans réponses prennent leur envol pour un autre univers. On entend le grondement sourd du monde qui tricote les consonnes à grosses mailles, et l'on écoute le vent faire chanter les voyelles.
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