J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 8 décembre 2016

Description de San Marco




Les gens sous les arcades, les gens qui regardent les vitrines, qui se retournent, hésitent, s'interrogent, qui reviennent, passent de l'ombre au soleil à l'ombre au soleil à l'ombre; les pantalons clairs des hommes, les robes fraîches des femmes, les lunettes noires ou bleues, rondes, rectangulaires, ailes de papillons, dorées, incrustées de fausses pierres, les chapeaux, les fichus, les décolletés, les fards.  

                                    Quelques colonnes entrevues entre les deux doigts de                                                      cette main aux ongles étincelants.

Les gens assis aux tables des cafés, écoutant les valses et les tangos qui se répondent aux divers orchestres, déployant leurs journaux en toutes langues, se penchant pour rédiger leurs cartes postales, recharger leurs appareils photographiques, tournant le sucre dans leur tasse, débarrassant leur paille de sa gaine de papier, feuilletant leurs guides, comptant leurs lires, s'observant les uns les autres, spectacle les uns pour les autres, regardant les uns par-dessus les épaules des autres.

                                                      Une coupole apparaissant entre deux verres de jus de                                                            fruits.

Les gens qui coulent comme un flot, les groupes qui se font et se défont, les plus pressés se traçant un chemin parmi les autres, les fatigués cherchant une place, s'écroulant en s'épongeant, en s'éventant, se détendant, souriant, allongeant leurs jambes, se précipitant pour serrer la main à une vieille connaissance, l'invitant, lui faisant apprécier leurs achats et leurs découvertes.

......

Comment creuser le texte en coupoles?

Michel Butor " Description de San Marco" ( Gallimard 1963)

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