J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 8 mars 2024

Remords nocturnes

 

Mais toi, à qui la nuit a cédé les plus

pures de ses images, et qui a tendu la main

dans le vide pour saisir ce qui passerait au plus près

de tes rêves : ouvre les yeux, soulève

ton corps, cherche au plus profond

de toi la parole qui s’est perdue, dans un

coin de ta vie avant que la mousse

du temps ne l’efface.

 

 

Peut-être est-ce juste un nom, peut-être

est-ce le synonyme de l’amour que tu n’as pas osé

confesser, ou la réponse à la question que

l’on t’a faite et que tu as laissé couler dans le silence

pour que rien ne change dans ton existence ; et

ce n’est que maintenant, lorsque la nuit est venue à ta rencontre,

que tu te souviens que ç’aurait pu être autre chose,

si avait été autre le chemin.

 

Ç’aurait pu être un hasard, une distraction,

un regard au loin, et subitement tu n’avais personne

devant toi. Maintenant, cependant, tends à nouveau

la main, et saisis ce que la nuit apporte dans sa vacuité,

juste pour qu’à nouveau tu saches, le mot que

tu n’as pas dit, le geste que tu n’as pas eu, le regard

distrait de ce qu’il y avait autour de toi, comme si

l’une de ces choses pouvait changer ta vie.

 

Nuno Jùdice ( poème traduit par Jean-Paul Bota, paru dans la revue de poésie la forge #2 -février 2024)

1 commentaire:

estourelle a dit…

c'est juste beau
et beau et juste
ça touche le coeur