J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

samedi 27 juillet 2024

Quatrain/ 145

 

aller chercher le souffle tout au fond

là où respire l'ombre

là où se murmure l'absence

tisser ces peaux de lumière

dimanche 21 juillet 2024

Au-dehors

 

La rue ouvre sa gorge. Le pas se hasarde vers le dehors. Du couloir de l’immeuble au macadam du trottoir. Avalé par la vie de l’ailleurs. Penser : tout va bien.

Ne pas poser le pied sur une ligne tracée. Longer les boutiques. Des odeurs de peut-être s’échappent de l’une d’elles. Mais ce n’est pas le jour du petit pain au lait.

Numéro treize. Elle va descendre et le trajet se fera à deux. Attendre, l’air de rien. Penser à l’épaisseur des heures à traverser. Elle sort de l’allée. Rires d’enfance.

                                                                              *

À deux, la rue se fait complice. Le cartable à bout de bras, on fait illusion. Les hésitations sont remisées au fond. On marche sans savoir. Les lendemains sont encore loin.

La place à traverser et le ciel à rêver. On voudrait bien attraper au vol quelques songes d’aventures, poser les yeux sur le frémissement d’une branche, s’abreuver à la sève d’un peu de réconfort. Le regard se déplace, car le temps est compté.

Face à la grande avenue. La rue de tous les dangers. Le petit bonhomme sait si on peut ou non aller vers l’au-delà. Sous les pieds, les soupçons du doute sont en train de germer.

                                                                            *

L’entrée se fait par la petite porte tout au bout de la rue. La tête se baisse un peu, la journée va vraiment commencer. Tout va bien, on n’est pas en retard. Soulagement.

Dans la cour, cela bruit, cela s’agite, cela affole. Vite, les lunettes dans leur étui marron. Les mettre à l’abri dans le cartable. Une paire de lunettes, c’est cher.

Alors l’incertain gouverne. Tout s’étale et se dilue. Sensation de flotter. Les silhouettes s’emmêlent. On voudrait bien avoir une vision claire du monde. Mais il va falloir s’habituer à déchiffrer l’invisible.

 

Texte écrit lors d'un atelier d'écriture du mardi animé par François Bon, en écho à un texte de Leslie Kaplan

vendredi 19 juillet 2024

Quatrain/ 144

 


exister de temps en temps

ne pas désespérer

regarder les nuages

seule sous le vent



vendredi 12 juillet 2024

Un cri

 

de l’oubli   / ne pas   /  le chemin à tracer   /  le temps du rêve présent  /

à la surface des sillons  /   les failles  /   et le cœur où aller  /   point de vie  / 

psalmodie aux lèvres  /  un jadis surgi des friches  /  à ras de terre  /  faire flou en un 

hors d’encre  /   l’œil en ciseau   /  copeaux flottés  /  les replis remuent    /      les 

averses de silence circulent  /                  des ronds de riens sacrés                 /   

grain par grain  /      jusqu’au blanc     /   de l’égarement      /     de l’informe     / du 

débordement    /   du précaire   /  papyrus d’une géographie   /   un ciel sans pudeur 

 ça tremble   / le cœur battant   /   un lieu   /    un cri       /

 

(texte écrit lors d'un atelier en ligne du mardi avec François Bon)


lundi 8 juillet 2024

Quatrain/ 143

 

dans la ville noire

des voix comme des sorties de secours

dessous s'ouvre la terre

où s'ancrent nos futures nostalgies

jeudi 4 juillet 2024

de l'oubli

de l’oubli / ne pas / le chemin à tracer / le temps du rêve présent /


à la surface des sillons / les failles / et le cœur où aller / point de vie /


psalmodie aux lèvres / un jadis surgi des friches / à ras de terre / faire


flou en un hors d’encre / l’œil en ciseau / copeaux flottés / les replis


remuent / les averses de silence circulent / des ronds de riens


sacrés / grain par grain / jusqu’au blanc / de l’égarement / de


l’informe / du débordement / du précaire / papyrus d’une géographie /


un ciel sans pudeur ça tremble / le cœur battant / un lieu / un cri /

 

(Texte écrit lors d'un atelier du mardi animé par François Bon, en écho à un texte de Jacques Dupin et face à une reproduction d'un tableau de Helicopter Tjungurrayi "Trou d'eau à Karulyar")

 


 


 

mardi 2 juillet 2024

Écrire c'est écouter/2

Oui, les épiphanies, on les attend, on les recherche, mais elles n’arrivent pas toujours. Les épiphanies sont aussi ces intuitions qu’on a de ce qui va se passer. Je cherche ce qui se dérobe, ce qui ne peut pas s’expliquer, ce qui, peut-être, n’existe pas, mais qui peut exister si on se tient aux aguets. Il ne faut surtout pas être volontaire. Quand on écrit, on ne doit rien forcer. On doit seulement être dans le flux, dans le mouvement de la découverte, se laisser dépasser par ce qui sort de soi. Parfois le miracle se produit, parfois non. (…) la seule chose que l’on puisse faire, c’est de préparer la venue de l’ange du mieux que nous le puissions. Après, il vient ou il ne vient pas.

Jon Fosse "Écrire, c'est écouter" ( L'Arche 2023)