On n'oublie pas Jerusalem. On fait le serment de ne pas l'oublier. Mais c'est plutôt Jérusalem qui ne vous oublie pas. Qui vous hante jour et nuit dès lors que vous y avez mis les pieds.
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Qui parle de
Jérusalem, qui écrit sur Jérusalem, qui marche dans les rues de
Jérusalem, sait qu’il lui faut renoncer à distinguer de façon
catégorique la part de fiction mythologique et la part de vérité
historique. Impossible, à propos de Jérusalem, de se résoudre à une
seule version des faits, impossible de toucher du doigt une réalité qui
serait totalement débarrassée de sa gangue de légendes. La dichotomie
biblique entre une Jérusalem terrestre et une Jérusalem céleste est à
l’origine d’une situation paradoxale et mortifère : en aucun lieu de la
terre l’imaginaire et le réel ne sont à ce point imbriqués que dans les
pierres de la Ville sainte. En aucun lieu de la terre, l’imagination
humaine n’a nourri et envenimé à ce point le réel, et nulle part
l’enchaînement des faits n’a bafoué avec une telle violence les
promesses de l’imaginaire. Si la ville existe au ciel et sur terre, tout
se passe comme si cette double existence avait un prix et tout indique
que les hommes n’ont pas fini de verser ce trop lourd tribut exigé par
un Dieu jaloux de devoir partager son berceau. La glorification de la
Jérusalem céleste s’est toujours faite au détriment des habitants de la
Jérusalem terrestre : leur histoire n’est qu’une longue suite de sièges,
d’exils, de carnages et leur situation actuelle, au regard de cette
histoire tragique, pourrait passer pour un moment de répit s’il n’y
avait chaque jour des indices qui nous font craindre le pire pour les
années à venir.
Emmanuel Ruben " Jérusalem terrestre" ( Editions Inculte/ Dernière marge 2015)
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1 commentaire:
il est des 14 novembre qui commence par un terrible mal de crâne
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