Elle,
quand il ne se passe rien. Ce rien comme un miroir, à la vision
tremblée. Un caillot de rides. Où cueillir du regard les restes
d’une vie. Elle se souvient de chaque fissure, de chaque interstice
où somnolent ces bribes de soi immobiles comme des araignées.
Aux
aguets, prêtes à renaître des braises où il est si facile de
souffler un peu, d’effleurer les appels des mots.
Ils
se dilatent, écartent les marges où ils se terrent et s’épanchent
à ses lèvres où elle goûte leur sève, sucrée, salée, amère.
Elle
se laisse envahir, ravager de lueurs. A chacun ses failles à
méditer. Chacun porte ses manques dans sa mémoire criblée. Cela
s’étire et grandit au milieu du fleuve de nos vies, nous implore
d’aller voir de plus près, de rester au bord du vide.
C’est
le futur antérieur d’un vertige, d’un passé confus où se
bouscule tout ce qui n’a pu être dit depuis la déchirure des
ronces. Écarteler les fissures où sombrer. Raboter les ravines
d’ombres.
1 commentaire:
Un texte sublime. Merci.
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