J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

jeudi 16 avril 2020

noeud

 

Elle, quand il ne se passe rien. Ce rien comme un miroir, à la vision tremblée. Un caillot de rides. Où cueillir du regard les restes d’une vie. Elle se souvient de chaque fissure, de chaque interstice où somnolent ces bribes de soi immobiles comme des araignées.
Aux aguets, prêtes à renaître des braises où il est si facile de souffler un peu, d’effleurer les appels des mots.
Ils se dilatent, écartent les marges où ils se terrent et s’épanchent à ses lèvres où elle goûte leur sève, sucrée, salée, amère.
Elle se laisse envahir, ravager de lueurs. A chacun ses failles à méditer. Chacun porte ses manques dans sa mémoire criblée. Cela s’étire et grandit au milieu du fleuve de nos vies, nous implore d’aller voir de plus près, de rester au bord du vide.
C’est le futur antérieur d’un vertige, d’un passé confus où se bouscule tout ce qui n’a pu être dit depuis la déchirure des ronces. Écarteler les fissures où sombrer. Raboter les ravines d’ombres.


1 commentaire:

mémoire du silence a dit…

Un texte sublime. Merci.