J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

vendredi 14 août 2020

Monologue

 

Elle, blottie près des épilobes.
Absorbant les couleurs, du pourpre au magenta. Le pigment des mots. La grappe grimpante et l’ailleurs de la phrase. Sans trop savoir ni comment ni pourquoi elle pose certains mots côte à côte au creux même des failles creusées dans sa mémoire.
À l’autre bout des mots, quelques souvenirs s’accrochent encore tentant de dessiner un présent à ce passé bien passé.
Quelques bleus limpides se détachent, des écorces de cendre dont elle déroule les pelotes d’un monologue chiffonné en boule.
Résonnent toutes les voix cachées dans la langue. Elle se laisse traverser, féconder. Quelque chose s’abandonne, un langage perdu. Cette meute de mots, qui surgit de la nuit réveille la froide atonie où le corps languissait, se loge dans le souffle.
C’est un jeu de ricochets alors qui se produit entre les tempes, cela se parle, se questionne, se répond, on sent que quelque chose se passe. Ce serait comme un sourire sur les lèvres.
À l’abri des épilobes .

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