1/ Pierre Bergounioux parle de conjurer les ombres qui nous environnent. L'écriture en étant un moyen. Je n'ai pas dû assez écrire... Et finalement j'aime certaines de mes ombres et ne suis pas encore prête à les laisser s'évaporer. Ces temps-ci, je me sens plutôt en harmonie avec elles. Elles adoucissent les pensées et animent mes solitudes. Les cimetières sont des lieux propices à la méditation: le temps n'a plus d'heure.
2/ Paysage gris inerte sans ouverture . Il faut trouver un peu de vie ailleurs. Plonger dans les livres qui environnent, qui soutiennent les murs, et me calfeutrent de tendresse. Se laisser frôler par les mots des uns et des autres, en se tenant aux aguets d'une surprise, d'un instant d'étonnement ou de métamorphose. Se frotter à de l'inapaisé ou à de grandes plages de calme. Faire un arrêt sur mots.
3/ Pour signifier "œ", je dis o-e bouclé, mais je sais aussi que l'on dit e dans l'o, ou o-e entrelacé. J'aime bien la notion de bouclé qui vient de l'enfance. Ligature de lettres, digramme soudé, clin d'œil au latin, et code à intégrer lorsque l'on écrit sur l'ordinateur. Œ bouclé comme les mots qui s'enchaînent pour exprimer une pensée. Comme une petite marque sur la page, un étui de lumière.
4/ Jongler entre les activités . Ou tourner des pages mentales entre les mails à lire puis à rédiger pour l'un ou l'autre, travailler sur le livre en cours, penser à poster un article pour le blog, répondre au téléphone, et ensuite ne plus savoir ce que l'on faisait, réaliser qu'il est l'heure de manger, rayer sur la liste du jour ce qui doit l'être. Partir marcher: tant pis pour ce qu'il reste!
5/ L'empreinte que laisse l'autre, quel qu'il soit, sur la peau de notre esprit, a quelque chose à voir avec les traces laissées çà et là par les êtres de la forêt. On ne les repère pas toujours, porté par le chemin qui appelle plus loin et qui nous fait oublier de ralentir et de scruter là où se pose le pied. Ces empreintes pourtant exercent une pression sur nos vies.
6/ Le regard chargé d'infini, ou pour le dire autrement, les yeux qui insufflaient de la vie, mais pas n'importe laquelle, une vie emplie de poésie. C'est à dire qui ramène à l'essentiel de l'être humain. Quelque chose qui en dit moins peut-être. Qui se tient dans l'épure du regard. un élan, une force, une assise. Se tenir sur cette crête le plus longtemps possible, puis revenir au ras des pâquerettes.
7/Ce serait une sorte de désordre mental où l'on voudrait faire rentrer toutes les idées ou les soucis du moment. On a l'impression qu'il n'y a plus de place, et que l'on ne sait plus où est rangée la sublime pensée d'hier soir venue comme une fleur à l'heure des songes. Mais là aussi, il faut se résigner à faire de la place et à jeter ce qui pèse ou encombre.
1 commentaire:
Se désencombrer est une quête mais aussi cela se fait malgré nous qui voudrions retenir alors que tout s'échappe et s'évapore
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