1/ Sur l'autre versant l'effroi d'obscurité. Il faut continuer d'avancer, avec des paroles vaines et dépourvues d'avenir, dans ce déclin des jours où tout nous aspire. Les incertitudes se multiplient mais elles ont toujours été présentes et l'on n'y songeait guère. Mais en esprit des désirs non encore effeuillés se profilent, font signe dans ce monde un peu flou où l'on poursuit sa route , les épaules un peu plus courbées.
2/ Comme un songe baigné des peurs de la vie, grises sont les pensées qui naissent lorsque l'éveil s'immisce, alors même que la nuit n'en a pas finit de rouler ses rochers. Ballotée sur les récifs, entre sable et mer, on tourne et retourne le corps entre les draps, bâtissant le jour à venir comme une tour avec de petites lattes en bois que l'on envoie voler d'un coup de pied.
3/ Du désordre sur la face du matin. Des bribes de rêves, sauvées de la grisaille de la nuit, s'éparpillent en gouttes de pluie. Inattendue trouée de lumière puis plus rien: tout s'évapore.Tourner la page de ce trop plein d'images disparues, refluées dans l'antre de l'autre soi. Enjamber le seuil d'un désormais, et affronter les questions qui serpentent sans bruit en bordure du pas. Les heures incertaines s'huilent du désir d'avancer.
4/ Attirance ou fascination pour le lent défilé de visions élongées en bordure de ces routes qui ondulent, au gré des reliefs, ou s'embrochent dans une ligne intègre et directe menant droit au but. Mais de but il n'y en a pas, aucun désir de relier un quelque part. Seuls les talus, les bas-côtés, lés étendues qui écartent le soupirail d'œil où s'ébauche quelque hallucination où s'égarent des divagations sans objet.
5/ Pourquoi toujours vouloir tenir la chronique de ces quelques grains de sable d'hier, déjà perdus, aspirés dans le colombarium universel, et, il faut bien le reconnaître, qui ne sont pas les grains de sable dignes d'une dune, mais plutôt ceux qui s'enfoncent sous la plage, ceux sans intérêt, dont l'oubli est bienfaisant. Quant aux grains du présent, ils s'accolent silencieux à ceux d'hier, s'enfoncent dans le ni sable ni rien.
6/ Crudité de la lumière en cette matinée, après des jours de ciels houleux, pétris d'aplats de grisailles au dégradé d'ombres, même pas un clair-obscur, mais plutôt une nuit diurne. Alors cet éclat de rire de la lumière fulgure et darde, de son opulence tout détail qui s'enflamme soudain, voulant préserver ce terreau de clarté où se prélasser un peu, s'y perdre même, en toute conscience de l'illusion où nous sommes.
7/ Toutes les personnes qui tombent ont des ailes. Lu ou entendu, je ne sais plus, dans le film Anselm consacré à Anselm Kiefer. Et je pense oui, j'ai volé lors de ma chute dans un escalier il y a quatre ans, et c'est de cela dont je garde le souvenir, cette étrange sensation d'envol plus que la réception sur la tête et les blessures résultantes. Des ailes, oui bien sûr.
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