EN BAIE D'AILLEURS
Temps aboli de la longue marche. Corps et parole y lèvent la nième chronique du souvenir. Une porte se referme sur l'itinéraire aux genoux écorchés: armoise, chiendent des mers, une masse frottée de végétaux et des fagots de rêves que l'on poursuit par un chenal dans le vent léger des mollières.
C'est vouloir aspirer l'avancée du jour à l'épreuve du muscle, tenter à l'extrême la fatigue jusqu'à plus loin encore, et là, gravir le continuum de la dune, laissant derrière soi d'insolites palabres d'oiseaux, la trace vivante des menthes aquatiques et de l'orchis incarnat, le drap mauve des lilas de mer et l'œil bientôt nocturne du chasseur en route vers sa patience de gabion.
Aller, aller.
Car la mer en fuite se fait appelante d'une traversée, et des chevilles affamées vont dans la transhumance des sols.
Valérie Brantôme " On dit le temps"
( Éditions Le Réalgar collection l'Orpiment mai 2024)
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