1/ À force de solitude sans doute et de temps accordé à ce qui vibre en soi, retrouver l'élan du poème, de l'étincelle qui jaillit de l'émotion, puis poser des mots et donner forme. Aller, ne pas s'arrêter, poursuivre encore jusqu'à parvenir. Laisser aux mots le bruit qu'ils peuvent ou doivent avoir. Aller au bout de soi et de ce qui s'écrit. On n'a plus beaucoup le temps de ça devant.
2/ La présence du doute, sa permanence dans chaque geste de la vie, dans chaque avancée du pas, à chaque carrefour où un choix doit s'effectuer. Dans l'étroitesse de nos vies, accepter l'ambivalence des doutes dans le flux d'une vie et les envies de continuer pour être un peu plus grand à chaque fois. Poursuivre sa croissance avec l'obstination nécessaire alliée à une patience. Plus d'intensité, alors plus d'équilibre à venir.
3/ Des heurts ici ou là pour continuer d'aller vers soi. Le chemin est garni d'épines de toutes sortes, de buissons de ronces et d'ornières où trébucher. Rester sur sa propre longueur d'ondes pour avancer encore un peu. Même avec l'âge qui progresse, on avance toujours avec les habits du doute autour de soi. Aucune certitude pour parvenir sans mal à trouver un équilibre entre soi et un dehors toujours trop prégnant.
4/ Ce qui fuit, n'arrête pas de fuir, les oiseaux, cachés dans les branches des bouleaux, le martèlent dans leur chant jeté à tout vent, ou, plus audacieux, se dressent, bec pointu, sur le rebord de la fenêtre, allant même jusqu'à frapper sur le carreau de la fenêtre pour être certain d'être entendu, à défaut d'être compris. Égarés, c'est nous qui le sommes à vouloir retrouver une main à saisir .
5/ Quand les rêves sont en retard, ou ne résistent pas à la venue de l'aube, il reste les rêveries diurnes, celles qui se mettent en mouvement par la venue d'un mot, par une odeur qui se faufile entre les pans d'une fenêtre ouverte, par des sons qui s'égrènent paisiblement et tout cela soudain nous transporte dans un ailleurs, où l'on se défait des regards insistants, oppressants qui figent les vies.
6/ Même les instants recroquevillés entre des doigts, plus très sûrs de ce qu'ils tiennent, ne peuvent être oubliés. Ces tendresses sans ailes pour aller vers un ailleurs dont on ne sait rien, si vite oubliées par le tournoiement incessant des horloges, ont aussi le droit de se dire. Fatiguée du fracas du quotidien, toujours trop prenant, sans beaucoup d'espoir, des regards blasés, laisser voler au loin ces papillons de désirs.
7/ Ce carnet de notes ici, c'est comme se poser quelques instants sur un banc face à ce qui devant soi se présente: le fouillis d'un jardin, un ciel où défilent des nuages, une étagère de livres, quelques lignes lues puis un arrêt sur quelques mots qui déclenchent des bribes, très brèves, d'erres où trouver la tonalité du jour devant. Noter ici chaque matin le peu du bruit de mon esprit.
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