J'avance, avec de l'ombre sur les épaules. ( André Du Bouchet)

mardi 10 décembre 2024

Ricochets/ 49

 


1/ Écho et paroles. Qui est premier? Ombre et lumière qui vont de pair tout au long de la vie. Et dans le flux d'instants non encore advenus, d'où viendra l'écho. On vient tous de lointains dont on pense avoir oublié l'existence, mais les mots qui se murmurent sur nos lèvres ou qui se tracent sur la feuille blanche ont le poids d'un avant. Et l'on voudrait juste une parole nouvelle.

2/ Comme enveloppée d'une vague sensation de bien-être, après l'incertitude et le doute qui me visitent plus souvent qu'il ne serait nécessaire. Et pourtant le dehors est empli de grisaille et de fraîcheur, la nuit fut entrecoupée d'un long temps d'insomnie, les nouvelles qui sillonnent les radios guère réjouissantes, mais la matinée fut dense entre des paroles qui se sont livrées, échangées, et des textes qui se sont écrits et partagés.

3/ C'est de nouveau un jour à naître, et qui est déjà en fusion. Et les échos toujours plus nombreux vont et viennent, trouvent un élan pour aller de l'avant. Des mésanges et des merles se croisent entre des branches et colonisent les creux, les espaces laissés vides. Entre les livres qui me cernent, je m'abreuve, je bois à la source pour me recréer. Je suis jardin et ombre et encore.

4/ Comment capter ce qui surgit à chaque instant et qui s'effiloche dans l'indifférence? L'attention à porter à chaque petite chose, à chaque détail de vie qui se colle sur la rétine nous fait rester vivant, nous contraint à la vigilance. Et écrire pour imprimer le tout dans ce mental plein de béances qui se creusent de plus en plus profondément. Les heures qui passent ainsi sont porteuses d'éclats, et d'éclairs.

5/ Des cris se tassent au fond de soi. Lorsque le jour décline, on les entend remuer, comme une musique sauvage, au rythme incessant, comme le choc des sabots des chevaux lancés au galop sur la plage, frappant et frappant encore, et l'on s'attendrait à entendre hurler des cavaliers, sagaies entre les mains, prêts à en découdre face à des assaillants dont ils n'ont pas encore pris vraiment la mesure.

6/ Le rhizome d'émotions qui serpente dans les profondeurs de chacun d'entre nous colore les joues et nous recrée à chaque instant. Nous passons de l'une à l'autre au gré de rencontres, de mises en abyme de situations et nous réagissons avec le réservoir que nous avons amassé au fil de nos vies. On est collé à soi, imbriqué dans une texture d'être infiniment complexe dont il est difficile de s'extraire.

7/ L'univers mental du jour dépend un peu du livre dont mes mains s'emparent lorsque doucement la lumière entre dans la maison. C'est une sorte d'improvisation après avoir lu les quelques lignes qui se présentent sous les yeux, et vont donner l'élan pour orienter les mots qui ne savaient pas qu'ils allaient se déposer sur la page du traitement de texte. Je ne cherche rien de très précis, sinon à écrire.

(photo d'un tableau de Monch)

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